L'Affaire du Graf Spee

Le Corsaire de l'Atlantique sud

Le commandant Langsdorff

19 Décembre 1939: Epilogue de l'affaire du Graf Spee. Le croiseur Allemand se saborde dans la baie du Rio de la Plata. Son commandant, Hans Langsdorff, se suicide quelques heures plus tard. C'est la fin d'une infernale course-poursuite sur toutes les mers du globe.

Le Graf Von Spee en décembre 1939. Il porte un camouflage sur ses superstructures.

Cette affaire commence avec l'appareillage de Kiel du Graf Von Spee, troisième croiseur de la classe Deutschland, injustement qualifié de "cuirassé de poche" en Français, mais de "pocket battleships" ( navires de ligne de poche ) par les services de renseignements alliés. En effet, la méprise venait du fait que ces bâtiments, conçus dans l'optique d'une guerre de corsaire étaient conçus comme des "navires de ligne"et même navires blindés ( "panzerschiff" ) sur les registres de la flotte, capable d'affronter et de surclasser des croiseurs lourds tout en étant assez rapides pour échapper aux cuirassés classiques. Ils seront opérationnels au début des années trente et constituaient un tour de force technique car l'Allemagne était à cette époque condamnée à ne pouvoir mettre en service aucun bâtiment de plus de 10 000 tonnes en standard. Sur cette base, les ingénieurs greffèrent à une coque de croiseur six pièces de 280 mm, calibre à même de surclasser celui des croiseurs lourds de l'époque, mais ni en protection ni en puissance de feu ces navires ne pouvaint rivaliser avec des cuirassés.

Ils avait étés conçus pour mener une guerre de corsaire au trafic allié, disposant de machines Diesel-électrique - une première pour des navires de ce tonnage, d'une salle dédiée au recueil des marins des navires coulés, de ravitailleurs propres - celui du Graf Spee était l'Altmark ( voir plus loin ) - et de matériel ( tôles, chalumeaux et peintures ) pour changer leur apparence ainsi que le feraient des cargos corsaires. Le nom même de Graf Spee était celui du comte et amiral de la flotte du Pacifique qui mena avec ses navires une guerre impitoyable au trafic Britannique en 1914 depuis les côtes de la Chine jusque dans l'atlantique sud, héros de la première bataille des Falklands, ou il écrasa l'escadre de Sir Charles Cradock, il périt avec ses bâtiments lors de la seconde bataille des Falkands.

Le Graf Spee, ainsi que ses jumeaux, le Deutschland et le Scheer, avaient pris position dans des secteurs stratégiques avant le début ses hostilités. Le Graf Spee se trouvait avec le Deutshland et des U-Bootes bien placé pour menacer le trafic de l'Angleterre avec les Etats-unis, et il coulera, comme ses jumeaux un grand nombre de bâtiments civils Britanniques, avec parfois des cibles de choix comme paquebot Clement le 30 septembre, ce qui cause un grand émoi ( de nombreux civils noyés ) en Grande-bretagne et rappelle la vielle haine du "boche" de la grande guerre et l'affaire du Lusitania. Une semaine plus tard, tous les bâtiments disponibles, y compris des navires Français et néo-zélandais, traquent le Graf Spee de l'atlantique au pacifique en passant par l'océan indien. A défaut du prédateur, qui continue à faire des victimes, on cherche également son ravitalleur, lui aussi masqué par des immatriculations factices.

La Bataille du Rio de la Plata

Graf Von Spee

Exeter

 

Ajax

 

Achille

Au 31 octobre, ce sont pas moins de 4 cuirassés, 14 croiseurs et 5 porte-avions qui traquent le corsaire Allemand. Le 2 décembre, il coule le grand cargo Doric Star. Mais la piste se précise et au dernier SOS capté la nasse se referme. Henry Harwood pense que le corsaire se tient à présent dans le périmètre de la baie de la Plata, ou le trafic est dense venant de montevideo. Le 13 décembre, à l'aube ( 6h14 ), l'escadre du commodore Harwood repère le navire Allemand dans l'atlantique Sud, au large de l'estuaire du Rio de la Plata, à 150 milles de Montevideo en Uruguay. L'escadre de Harwood comprend alors trois croiseurs, l'Exeter, sur lequel Harwood porte sa marque, l'Ajax et l'Achille, ce dernier de la marine néo-Zélandaise. A trois contre un la partie ne sera pas aisée pour autant car les grosses pièces du Graf Spee ont une portée largement supérieure aux 150 mm des deux croiseurs légers Anglais. Seul l'Exeter et ses 203 mm semble de taille à affronter le Graf Spee, avec l'aide de ses matelots. C'est la "bataille du Rio de la Plata":

D'un côté Harwood ne dispose pas d'une supériorité écrasante, car il manque un de ses bâtiments, le croiseur lourd Cumberland, en train de se ravitailler aux Flaklands si proches. De l'autre côté, Langsdorff qui repère simultanément les bâtiments britanniques pense que les deux croiseurs légers sont en fait des destroyers qui escortent l'exeter. En confiance, au lieu de prendre du champ et de pilonner les navires à distance, il se rapproche, ne comptant pas laisser de chance au croiseur Britannique, tout en utilisant ses pièces secondaires de 150 mm contre ce qu'il croit être des destroyers. De son côté, Harwood à minutieusement mis au point sa tactique: Il compte disperser les tirs du navire Allemand en séparant ses matelots de son navire l'Exeter, chacun se plaçant d'un côté du Graf Spee. A 6h17, au moment même ou Langsdorff ouvre le feu à 17 000 mètres contre les croiseurs légers et se rend compte de son erreur, l'escadre de Harwood riposte vigoureusement et les tirs de l'Exeter l'encadrent et certains font mouche. Le Graf Spee essuie des impacts sans grande gravité mais inquiétants pour la suite. Comprenant le danger, Langsdorff change de cap et fait route à l'estuaire du Rio de la plata, tout en se protégeant par un lâcher de fumigènes. Harwood, loin de rompre le combat le suit à toute force de machines.

Le Croiseur lourd Exeter en décembre 1939

Langsdorff entame alors une manoeuvre de retournement, et se rapproche délibérément de l'Exeter, concentrant son tir sur lui et ripostant aux croiseurs llégers avec ses 150 mm. Très vite, l'Exeter est durement touché par des impacts de 280 mm, avec une tourelle hors service et son gouvernail détruit. Un autre impact laboure sa passerelle à ciel ouvert et y fait un carnage d'officiers. La barre ne répond que par le relai de matelots du nouveau poste de commandement improvisé à la salle des machines. La situation devient critique, alors que le Graf Spee se rapproche encore et ajuste plus mortellement encore ses tirs. Depuis les ponts de l'Ajax et de l'Achille, on assiste impuissant à l'agonie de l'Exeter. Les ripostes de l'Exeter deviennent très sporadiques et sont gênées par la fumée. Plus grave encore les télémètres sont hors d'usage. Décidant de jouer son va-tout Harwood se rapproche délibérément pour un torpillage, sans effet, les projectiles manquant leur cible. Il fait alors volte face pour présenter son autre flanc et tenter un autre torpillage, sans plus de résultat. De son côté, le Gaf Spee accumule les coups au but et l'Exeter, criblé et presque aveugle, donne de la bande. Pour les autres commandants, le bâtiment est perdu. A 7h40, Il s'éloigne vers le sud et perd contact, mais l'Ajax et l'Achille le suivent à distance.

Langsdorff décide de poursuivre sa route vers Montevideo afin de faire réparer ses avaries rapidement. Mais sur place, il se voit opposer une obligation de quitter les lieux sous 72 heures, selon une loi en vigueur régissant les stationnements navires des bélligérants dans les ports neutres. Langsdorff confie ses blessés à un cargo Allemand qui se trouve dans le port et ses matelots entament des raparations de fortune, avec les faibles moyens du port. S'engage un bras de fer diplomatique pour décider de proroger ( ou de mettre un terme immédiat ) au stationnement du corsaire dans les eaux Uruguayennes. Le gouvernement Uruguayen ne plie pas, et Langsdorff se voit contraint à envisger une sortie de son navire dans l'Atantique sud, sortie qu'il redoute du fait que sa position étant connue, toutes les escadres alliés proches convergeront vers l'estuaire et ne lui laisseront aucune chance. En effet, à la limites de eaux territoriales, se tiennet l'Ajax, l'Achille et le Cumberland, qui les à ralliés à toute force de machines. D'autres bâtiments sont attendus.

Le théâtre d'opération ( Actuellement, vu sur google earth )

A terre, l'Ambassadeur reçoit de fausses dépêches annonçant l'arrivée imminente du Renown et du porte-avions Ark Royal. L'affaire prend un tournant médiatique innattendu, et un feuilleton commenté par toutes les agences de presse accourues pour suivre depuis le port, ou se sont massés des milliers de curieux, la suite des évênements. A 18h15, le 17 décembre, le délai est expiré, et Langsdorff fait appareiller son navire. Personne ne sait ce que son bâtiment va faire. On s'attend à une bataille navale sur l'horizon et beaucoup de gens commencent à s'installer sur la plage pour suivre le "spectacle" à la nuit tombée. Ce qu'on ne sait pas, c'est que Langsdorff n'a aucune illusion sur la suite des évènements. Son bâtiment n'a pas été remis en pleines conditions de combat, et il sait son infériorité totale. Il ne va donc pas à l'éxécution mais en secret, arrivé à un mille du port de Montevideo, fait transférer la plus grande partie de son équipage sur le cargo Allemand qui quitte également le port. Il à demandé instamment à berlin l'autorisation de saborder son navire, mais on lui répond par la négative. Il préfère donc ne pas sacrifier ses hommes et met malgré tout son plan à éxécution, mobilisant une petite équipe pour se faire. Machines arrêtées, le navire de guerre à stoppé à 20h50 au milieu de la baie, et une petite vedette le quitte pour se mettre à couple du cargo Allemand, ancré non loin de là. Et soudain, une série d'explosions déchirent la moiteur tropicale du crépuscule. Les spectateurs, ravis, assistent au feu d'artifice des tonnes de munitions restantes dans les soutes du géant. Ravagé par la flammes, méconnaissable, le navire finit par s'enfoncer lentement.

Le cargo ramenait l'équipage du Graf Spee vers d'autres affectations, mais son commandant, qui avait désobéi pour le salut de ses hommes, savait ce qu'il attendait à son retour au Reich. Pour, comme il l'écrivit, "éviter que le discrédit ne vienne entacher le salut de l'Allemagne", il se suicidera dans sa chambre d'hotel à Buenos Aires, première escale du cargo.

-Voir Kriegsmarine

-Voir Royal Navy

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