L'enfer en Crète ( mai-juin 1941 )

 

Photo du croiseur lourd HMS York après sa destruction par la Luftwaffe.

En Mai 1941 l'offensive en Grèce par la Bulgarie prenait fin, avec le contrôle par les forces Allemandes des côtes de la mer égée. Les forces Britanniques restantes assurant la défense des Grecs avaient du se replier à Malte, en Crète, ou à Alexandrie. Le moyen-Orient étant sous contrôle conjoint Britannique et Français, mais l'influence de Vichy ne laissait rien présager de bon quant à l'allégeance de la Syrie, tandis que la neutralité Turque restait solidement verrouillée d'un côté comme de l'autre. Si la Perse se rangeait plutôt du côté Britannique, l'Irak basculait du côté de l'axe et attaquait à son tour les troupes Britanniques en Mésopotamie.

La Crète est, tout comme Malte, une île capitale en méditerranée. Malte se situe à mi-chemin entre l'est et l'ouest et en plein sur les routes de ravitaillement Italiennes en Afrique du Nord, et la Crète, bien plus vaste, berceau de la civilisation Minoenne, offre également une position privilégiée pour contrôler toute la méditerranée Orientale, verrouillant l'accés à la mer Egée et par extension à la mer Noire. Des bases en Crète, la Luftwaffe pouvait frapper tous les convois venant de la métropole en partance ou en provenance de Suez et d'Alexandrie dont elle était à 600 km. C'était une menace directe et très sérieuse sur ce secteur-clé de la méditerranée, dans la poursuite du vaste plan consistant à "asphyxier la Grande-Bretagne, la couper de son empire". Par ailleurs, dans le cadre de la campagne d'Afrique du Nord Rommel butait sur Tobrouk et la ville n'était qu'à 300 km de la Crète. A l'inverse, la RAF pouvait depuis la Crète frapper avec ses bombardiers lourds les puits pétroliers de Ploetsi, d'une importance vitale pour l'armée Allemande.

Le 5 Mai, le général Anglais Freyberg informe Churchill que son île n'est défendable que si elle est renforcée. La Luftwaffe ayant désormais, depuis les îles de l'égée, une portée sufissante pour atteindre la Crète, la RAF, d'ailleurs largement entamée par la campagne de Grèce, n'est pas basée en Crète mais en Afrique du Nord et interviendra comme elle le pourra. Ceci eut des conséquences fâcheuses comme on pouvait s'y attendre. Et malgré la Luftwaffe, un navire amenait en Crète 16 chars et 6 automitrailleuses. Le landemain, le Mi5 informait à son tour Freyberg de l'imminence d'un plan d'invasion Allemand, opération "Merkur". Le 11 mai, comme les Britanniques le craignaient, l'amiral Darlan à l'issue d'un entretien avec Hitler à Berchtesgaden, lui offre la libre utilisation de terrains en syrie en échange de concessions de pure forme ( en fait accord définitif le 28 mai ). Depuis la poignée de main de Montoire, c'est la décision qui achève de faire de la France Libre la seule véritable représentante officielle du pays aux Yeux des Anglais.

Le 15 mai, c'est le lancement de l'opration "Merkur". La Luftwaffe ( qui opère aussi depuis des îles de la mer Egée), attaque l'île en force avec plus de 600 appareils, avant de faire venir ses 500 Ju-52 et 70 planeurs pour un parachutage en masse. C'est la 7e division de paras, la 5e de montagne et 6 régiments d'infanterie commandées par le général Student qui doivent prendre l'île aux Britanniques. Les troupes de montagne et les régiments d'infanterie viennent par mer grâce à un convoi Italo-Allemand escorté par 2 destroyers et 12 torpilleurs. L'offensive est cependant repousée du 18 au 20 mai le temps d'avoir la météo idéale et de rassembler les forces nécéssaires. La RAF à fait partir ses six chasseurs de l'île et ne peut plus compter que sur quelques pièces antiaériennes Bofors pour s'assurer une défense. Le 20 à 5h30 du matin, les terrains d'aviation ( vides ) de Malémé et Candie sont bombardés. Suit une seconde vague massive de bombardiers à 7h15 puis le début des parachutages. Les Allis leurs opposent 32 000 Britanniques dont une immense majorité d'Australiens et de Néo-Zélandais ainsi que 10 000 Grecs - restants de l'armée battue un mois plus tôt et évacuée avc les troupes Anglaises. Mal équipés, ils comptent sur 68 pièces de DCA, éclatées sur un très large front, 16 chars et une cinquantaine de canons.

La Royal Navy qui compte barrer la route ou convoi de débarquement aligne un partie de la la flotte d'Alexandrie, le Porte-avions Formidable, plusieurs croiseurs, et une quinzaine de destroyers. Le Croiseur lourd York ainsi que d'autres bâtiments et des cargos et pétroliers sont ancrés en baie de Sude. Le 22 mai, alors que les combats font rage au sol, la Luftwaffe reçoit l'ordre d'anéantir les forces navales présentes afin que les croiseurs n'appuient pas de leur artillerie les troupes Britanniques au sol. Plsieurs escadrilles de Stukas pratiquement sans escorte ( la RAF est absente ) fond sur la flotte et envoient par le fond les croiseurs Fiji et Gloucester, ainsi que 4 destroyers ainsi que 4 autres navires de moindre importance. Mais les navires survivants interceptent le convoi de débarquement Allemand et essuient des pertes, sans pour autant les contraindre à l'abandon. Les Italiens interviennent et une mission est dirigée en baie de Sude contre le York à l'aide de canots explosifs du type MAT. Le Croiseur et son pétrolier raviteilleur l'Olterra sont tous les deux coulés en eaux peu profondes. Les Allemands estimants que la force de frappe de ce dernier est toujours efficace ( l'artillerie dépasse de l'eau, avec une grande partie de la coque simplement posée au fond ), la Luftwaffe reprendra ses attaques contre ce navire.

Le 23 mai, la RAF tente un raid audacieux pour reprendre Malémé et Candie, essuyant de lourdes pertes, et en vain: Les escadrilles de la Luftwaffe investissent les deux terrains en fin de journée et peuvent ainsi agir bien plus efficacement. Le soir du 24, les forces au sol renforcées par les régiments de montagne russissent à faire une vaste manoeuvre en tenaille autour de La Canée et contraignent les forces alliées au repli vers l'est de la Crète sur une nouvelle ligne de défense. Le 24, la Royal Navy accuse de nouvelles pertes. A défaut de navires militaires, la Luftwaffe s'en prend maintenant systématiquement à tous les cargos et ravitailleurs ancrés en baie de Sude. Partant plusieurs fois par jour des deux terrains frâichement conquis, les Stukas multiplient les attaques massives. C'est un carnage. Le landemain, le 25 mai, l'amiral Cunningham informe que ses forces restantes sont trop faible pour s'opposer au ravitallement des troupes Allemandes par mer. Les pertes de la RAF ont étées également considérables, notamment du fait des distances à parcourir depuis l'Egypte.

Dans la même journée, un convoi Anglais débarque deux bataillons de commandos de marines, et les combats se poursuivent autour de Réthymon et Candie. Les Grecs se sont retranchés dans les montagnes, assaillis par les "Alpentruppe", appuyés par la Luftwaffe. Cet appui aérien est demandé avec insistance par Freyberg. Le 26 mai, la situation devient critique car la RAF ne peut plus aligner d'appareils sans se priver de ses propres effectifs de défense en Egypte. Par ailleurs, le pivot de la défense locale était assurée par la maigre couverture aérienne du porte-avions HMS Formidable. Attaint par plusieurs bombes des Stukas, il se voit contraint à un repli en urgence. Il devra ensuite rallier New York pour de longues réparations. Privées de soutien et de ravitaillement, les troupes Britanniques sont chassées de Galathas ( près de la Canée ), mais es Grecs résistent encore à Alikianou. Pourtant le général Freyberg fait part à Wavell sont intention d'envisager un rembarquement et une évacuation de la Crète. Après un refus, devant les rapports alarmants, il finit par recevoir l'assentiment de Londres et commence à mettre en place l'évacuation de ses troupes à l'est, vers l'Egypte.

Le 27, l'évacuation comence au soir, protégée par les Commandos. Une nouvelle ligne de défense est établie, tandis ques les Allemands ont achevé de nettoyer la région et contrôlent la baise de Sude, ouverte à d'autres renforts. Le 28, alors que les troupes Alpines, parties prendre les forces alliées par le Sud remontent vers le Nord, les troupes Britanniques commencent leur évacuation sur des bâtiments de la Royal Navy, à partir de deux petits ports et par l'intemédiaire de dizaines de petites embarcations hétéroclytes. Mais l'opération est perturbée une nouvelle fois par la Luftwaffe, qui attaque sans relâche et coule le croiseur Calcutta, les destroyers Greyhound, Hereward et imperial. Un convoi Italien de 13 caboteurs protégés par 5 destroyers et 6 MAS venus de Rhodes débarquent 2700 hommes en renfort au nord-est de l'ïle pour prendre la ligne de défense Britannique à l'ouest. La situation est des plus critique. Toutefois, pour protéger le rembarquement et occuper les Allemands par une résistance à Candie et Réthymon, un convoi de croiseurs Britanniques embarquent 6000 hommes la nuit du 28 au 29. Les croiseurs Phoebe, Perth, Glegyle, Calcutta et Coventry participent avec 3 destroyers au succés de l'opération, mais le Perth sera gravement endommagé plus tard par un raid de Junkers-88.

Le 30 mai, alors que Candie et Réthymon tombent, le reste des troupes tentent de résister localement, et des milliers d'hommes embarquent encore sous les bombes des Stukas. 2 autres destroyers sont gravement endommagés. 9000 hommes restent encore en Crète, des Grecs principalement, et résistent toujours. Les derniers soldats se pressent le landemain vers Skafia mais ceux qui y parviennent au 1er jun ne trouveront presque plus de navires pour les emmener. Désomais, leur sort est réglé. Ils se sauveront sur des embarcations de fortune ou des navires de pêche réquisitionnés, ou bien rejoingnent par petits groupes les Grecs organisés en une guérilla de montagne. La bataille de Crète est achevée. Elle aura coûté à la Royal Navy quatre croiseurs, trois autres gravement endommagés, 6 destroyers coulés et des dizaines d'autres civils, ainsi que le seul porte-avions en méditerranée orientale, le HMS Formidable, et 2011 hommes, sans compter les commandos de marine. Finalement l'opération aura quand même coûté aux Allemands 6200 hommes, morts et blessés, mais il s'agissait de troupes délites. A la suite de cette campagne, le haut commandement Allemand hésitera à faire emploi de parachutistes sur une si grande échelle. Par ailleurs la prise de la Crète, si elle se révélait d'une importance stratégique palpable par le contrôle par la luftwaffe de tout ce secteur, demeura peu utile dès lors que les Britanniques sous la conduite de Mongomery renverseront la situation en 1942, l'Egypte ayant résisté tout ce temps.

 
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