Le Raid de Tarente (11-12 novembre 1940):

Le Conte di Cavour le landemain du raid. Les hauts-fonds de la rade l'empêchèrent de couler, mais il fut inactif jusqu'à la capitulation Italienne. ( Image Wikipedia ).

Si la seconde guerre mondiale se distingue foncièrement de la première, par son ampleur géographique comme par sa dynamique et sa massivité industrielle, sur le plan tactique et stratégique elle voit l'avion devenir un élément de tout premier plan: Les attaques aériennes ont ainsi été menées avec des conséquences redoutables sur les différents théâtres d'opération. Ainsi en va t'il de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Mais cette attaque fut inspirée en réalité par une autre, bien plus modeste, menée avec toute l'audace nécéssaire par une Royal Navy prête à tout pour s'assurer la domination de la méditrannée. On savait Churchill et l'amirauté prêts à en découdre avec leurs alliés de la veille à Mers-el-Kébir. En s'attaquant cette fois à la base navale de Tarente, il comptaient chasser la flotte Italienne trop directement menaçante pour Malte et la trafic est-ouest, notamment les convois ravitaillant l'Egypte. En novembre 1940 en effet, si l'Italie essuyait des revers en Grêce, elle semblait en position de force en Libye, et commença une campagne avec beaucoup d'optimisme.

Tarente était en 1940 la principale base navale Italienne, et de loin. Elle se situait dans le creux de la botte Italienne, sous "la plante du pied transalpin". y séjournaient les principaux bâtiments de guerre de la flotte, à commencer par les cuirassés, et la majorité des croiseurs. Naples et Gènes étaient surtout des arsenaux qui furent d'ailleurs bombardés par les navires Britanniques, La Spezia étant la seconde grande base navale et le principal chantier naval Italien. La rade de Tarente, comprenant d'énormes dépôts de carburant, était relativement peu protégée par la DCA ( ou seulement par des pièces légères ) et constituait donc une cible de choix. Par ailleurs elle disposait d'une force de frappe redoutable, composée des 6 cuirassés que comptait la flotte, 7croiseurs lourds et 2 légers, et 8 destroyers. Très tôt l'amirauté avait dressé les plans d'une attque surprise de la base, baptisée "Operation Judgement". Elle devait être menée par les appareils de l'Eagle et de l'iIlustrious, ce dernier flambant neuf, à l'origine pour le "trafalgar day", le 21 octobre, mais entre-temps l'Eagle fut endommagé, et on décida d'affecter ses appareils survivants à l'Illustrious qui mènerait l'attaque seul. Ce dernier mettait en oeuvre 4 squadrons de biplans swordfish et était escorté de 2 croiseurs lourds, 2 légers et 4 destroyers, sous le commandement d'Andrew Cunningham.

Elle fut précédée par des vols de reconnaissances de bimoteurs Martin Maryland en provenance de Malte, et enfin d'un vol de Short Sunderland le soir précédant directement l'attaque. L'avion fut repéré par les Italiens, mais ces derniers n'y firent pas suite. Ce soir-là, l'escadre s'était rassemblée à quelques encâblures de l'île grecque de Céphalonie, à 170 milles de la base Italienne. A 21h00, un premier raid de 12 Swordfish était lancé, suivi à 22h00 de 9 autres. Les premiers, pour moitié équipés de torpilles et pour l'autre de bombes, arriva au-dessus de la rade à 22h58. Ces deux vagues se séparaient par cible, la première arrivée attaquant le grand port externe, et l'autre plus tard le port intérieur plus petit. Les premiers appareils marquèrent leurs cibles de fusées éclairantes ( qui aidèrent d'ailleurs les canonniers de la DCA Italienne à abattre deux Swordfish ). L'attaque fut menée avec un cran admirable: Les avions torpilleurs arrivaient véritablement au raz de l'eau afin d'être sûrs que leurs engins, modifiés pour l'occasion ne "rebondissent" ou n'explosent pas en touchant le fond qui n'était que de 12 mètres, ce qui empêcha d'ailleurs les navires Italiens de couler totalement. Le Littorio, fer de lance de la flotte, encaissa trois torpilles, le Caio Duilio et le Conte de cavour une chacun. Le Guilio Cesare était encore en réparation, en retrait, après la bataille de Calabre. Le second raid mit plusieurs bombes au but, endommangeant notamment très gravement un croiseur lourd Italien.

Au final, le bilan du raid était relativement satisfaisant: Certes, la flotte Italienne avait étée privée pendant plusieurs mois de la moitié de ses bâtiments de ligne ( quatre pour le Littorio, six pour le Duilio, tandis que le cavour ne fut jamais totalement réparé et resta inactif jusqu'à l'armistice de 1943. ). Elle fut contrainte ensuite de s'exiler vers le port de la Spezia plus au Nord, et ne menaça donc plus directement les convois Britanniques vers l'est. Par ailleurs, pour chaque sortie ultérieure, elle fut obligée de passer devant Malte, à portée de l'aviation Britannique, toujours au courant de ses actions. On ne peut contester ce qui fut de l'avis de Cunningham l"heure de gloire de la Fleet ait Arm", qui de parent pauvre de l'aviation Britannique, fut renforcée par de nombreux pilotes suite à ce coup d'éclat. Du cran, il en fallait en effet pour se lancer de nuit dans un tel raid avec des appareils lourd, désuets, volant à peine à deux cent kilomètres-heures... Le Raid de tarente ne signifia pas pour autant la fin des activités de la flotte Italienne qui allait subir son plus grave revers "à la loyale" à Matapan.

Le héros du raid de Tarente, le Fairey Swordfish ( Image Wikipedia ).

L'amirauté Japonaise, alors influencée par l'amiral Yamamoto, promoteur infatigable de l'aéronavale, allait puiser toutes les leçons de cete attaque qu'elle allait littéralement plagier, avec une ampleur décuplée un an plus tard...

 

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