La marine Hollandaise - 1939-45

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La Marine Batave fut jadis, au 17ème siècle, la plus puissante du monde. Des amiraux comme Tromp et De Ruyter affrontèrent des escadres Britanniques ou Françaises au grés des alliances, dans des batailles qui n'avaient rien à envier à celle de Trafalgar en fureur, en panache et en amplitude. A cette date, la constitution de sa marine était une nécessité pour assurer la cohérence et la défense d'un empire dépendant de routes commerciales qui faisaient la fortune de ses marchands. Cette tradition d'une marine forte pour la défense des possesions d'extrême-orient se pérpétua bien que la Grande-Bretagne l'ait dépassée largement en la matière au cours du XIXe siècle. Des difficultés économiques contraignirent progressivement les Pays-Bas à réduire le tonnage de leur flotte, et en 1914, elle avait été rétrogradée au 7ème niveau mondial, à égalité avec l'Espagne. En 1939, elle se situait derrière la marine Soviétique, devant la marine Suédoise, ce qui était une position encore enviable en Europe.

La qualité de la construction navale Hollandaise ne séétait jamais démentie, et la Hollande était l'une des rares marines de cette importance à ne dépendre d'aucun chantier étranger. Tout au plus elle prit quelques conseils et une supervision de conception d'origine Britannique ( évidente pour ses destroyers ), et Germanique pour ce qui était de ses navires de ligne avortés ( voir plus loin ) ou du croiseur De Ruyter. De faibles effectifs mais une qualité exceptionelle, une sophistication et un souci du détail qui impressionnait les experts et observateurs étrangers. Ses système de contrôle de tir et de stabilisation par exemple étaient les plus avancés au monde. Les affûts doubles Hazemeyer de 40 mm, sont largement à l'origine des fameux bofors "pom-pom" Britanniques que l'on retrouve sur tous ses navires à partir de 1936. par ailleurs, les submersibles océaniques Hollandais étaient de très bonne facture ( mais bien trop chers pour une exportation ), et avaient adopté le Snorchel très tôt. cette innovation fut reprise par les Allemands, qui la généralisèrent à tous leurs U-Bootes. Les influences étaient réciproques, donc.


Les colonies Hollandaises imposaient une présence permanente, en face notamment des convoitises et de l'expansionnisme Nippon. Elle ne pouvait guère s'opposer à elle, mais aligner des unités capables d'assurer une défense efficace en attendant les renforts Australiens, Britanniques et Américains. Les Indes Néerlandaises produisaient un septième du tonnage mondial de pétrole brut, dix fois plus que le Japon sur son propre sol, ce qui n'était pas sans suciter des convoitises... La marine Hollandaise était assez complexe, avec une flotte "métropolitaine", et trois forces formant de manière plus générale l'Oostindies Koniginsmarine: L'escadre des Indes Néerlandaise, comprenant les plus gros bâtiments, l'Oostindiesmarine, comprenant les navires de défense côtière et de guerre des mines, et la Gouvernementsmarine, forces locales gérées par les gouverneurs des îles et comprenant des patrouilleurs et navires de police de toutes sortes.


La stratégie navale Hollandaise s'appuyait sur des submersibles océaniques d'une part, et sur de nombreux mouilleurs de mines d'autre part, qui suppléaient le manque de navires de rang. La part de la flotte coloniale représentait l'essentiel de son tonnage global, puisque la métropole ne disposait que d"une poignée de torpilleurs côtiers et de navires anciens de moindre importance pour assurer sa défense: En Europe, le péril à craindre était plutôt à terre qu'en mer.


Après la grande guerre, la population, bien que neutre, et ayant étée durement marqué par ce qui se passait à ses frontières, développa comme la France et d'autres pays un fort courant pacifiste. Le parlement Batave, s'opposa ainsi aux programmes ambitieux, sauf en 1925 avec le vote de la construction étalée de 8 destroyers, et ce n'est qu'en 1930 que le plan de renforcement de la flotte des Indes fut adopté. Il consistait en 3 croiseurs, 12 destroyers et 18 submersibles. Mais sur ce plan, un seul croiseur fut autorisé, le De Ruyter, suivi des submersibles de la classe K XIV. En 1936, devant la menace grandissante du Japon, un nouveau plan d'envergure fut voté comprenant trois croiseurs, dont le premier fut voté en 1936 ( Tromp ) et à partir de 1938, 3 nouveaux croiseurs, 4 destroyers, 9 submersibles, et surtout la mise en chantier de trois croiseurs de bataille afin de suppléer au manque de navires capables de s'opposer efficacement à la flotte de ligne Nippone.


la principale base de la EIRNN ( East Indies Royal Nederland Navy ), ou Konigins Oostniederlandsmarine, était bien entendu Soerabaya. c'était d'ailleurs la mieux équipée de l'asie du Sud-est avec Penang et surtout Singapour. Nombre de ses navires furent construits dans l'arsenal, et le gros de la flotte y était basé. La base de Tandgong Priok, ou de Batavia, était très ancienne mais mal équipée pour les navires militaires. Par la suite, après la catastrophe de décembre 1941, les forces opérèrent à partir de plusieurs bases destinées entre autres à ravitailler Singapour, de petites îles sommairement aménagées: Ce fut le cas de Tjilatjap, et de Curaçao, cette dernière devenant une importante base de vedettes lance-torpilles.


La marine Hollandaise en septembre 1939:


Navires de ligne:

Il n'y avait ni Dreadnought ni même cuirassé plus ancien en service, mais de petits et anciens navires cuirassés, plus proches de garde-côtes que de bâtiments de ligne. Il seront vus dans une autre rubrique. Entre 1920 et 1938, la marine Hollandaise fut privée de ce type de bâtiment faute de crédits. Ce n'est qu'en 1938, bien tardivement, que le nouveau plan vit la proposition de construire trois croiseurs de bataille ( en fait plutôt cuirassés rapides ), retenue par le parlement conscient de la montée en puissance de la flotte Nippone et surtout de ses récentes démonstrations belliqueuses. Malgrés leur coût faramineux, ces bâtiments furent étudiés en très peu de temps, inspirés par les Scharnhorst Allemands et d'ailleurs prévus pour êtres équipés du même armement, commandé au IIIe Reich, des tourelles triples de pièces de 280 mm, qui auraient surclassé n'importe quel croiseur Nippon. Il n'était même pas question de s'opposer aux cuirassés Japonais.

Après que les plans définitifs eussent étés déposés, ils furent approuvés en février 1940. En mai toutefois, leur construction n'avait pas encore démarrée. Ils n'avaient pas de nom officiel, et la reconstitution ci-dessous ( d'après les plans d'architecte ) les montrent tels qu'ils devaient êtres après leur achèvement en 1944:

Classe Holland, lancés en 1943, achevés en 1944, également le Gelderland et le Noordbrabant. ( cliquer p. agrandir )

Longueur/largeur: 237x30 mètres, Déplacement 28 000 tonnes standard, 34 000 P.C., 4 hélices, et turbines, 8 chaudières Werkspoor, 180 000 cv pour 33 noeuds en opération, blindage maximal 225-250 mm, armement 9x280, 12x120, 14x40, 8x20 mm AA. Equipage 1050.

Croiseurs:

Deux vieux croiseurs de la classe Holland restaient en service ( 1899 ), le Gelderland comme navire-école des canonniers, et le Noordbranbant comme navire-dépôt. A leur côté on trouvait également les deux bâtiments nettement plus récents de la classe Java ( 1920-21 ), le Java et le Sumatra. Avant l'arrivée du De Ruyter, ils formaient l'épine dorsale de la flotte des indes Néerlandaise. Mais le pas décisif va être franchi avec la mise en chantier à Wilton-Fijenord, le grand arsenal de la flotte, le croiseur De Ruyter. Lancé en 1935, Il reprenait la place du Celebes de la classe Java annulé en 1919. C'était un croiseur léger de par son tonnage, et son armement ( 7 pièces de 150 mm, réparti toutefois en tourelles doubles et un simple. ). En 1937, dans la continuation de ce plan, le Tromp fut lancé, en 1939, un sister-ship, le Jacob Van Heemskerck. Au moment de l'invasion Allemande, il était en mesure de prendre la mer et gagna Portsmouth pour y être achevé. Trop petits pour servir aux Indes, ils combattront avec la Royal Navy, mais sous pavillon Batave et avec un équipage des provinces-unies. Quand aux deux derniers croiseurs, des bâtiments nettement plus lourds que le De Ruyter, ce furent ceux de la classe De Zeven Provincien. Ils étaient en pleine construction lorsque les Allemands arrivèrent. Le Eendracht, sister-ship du Provincien, fut épargné lors du bombardement de Rotterdam, et la construction de ces deux navires ne s'acheva qu'après le conflit sous une forme très modifiée.

Destroyers :

Les bâtiments de l'ancienne génération ayant étés retirés du service dans les années 20, ce furent ceux de la classe Van Ghent (4 navires, 1926), puis Van Galen (4 navires, 1928-30) qui les remplacèrent, envoyés en extrême-Orient.Quand aux quatre derniers, les Tjerk Hiddes, ils étaient en achêvement lors de l'invasion, et seul l'Isaac Swers parvint à fuir en Grande-Bretagne par ses propres moyens. Il y fut achevé aux standards de la Royal Navy, les trois autres étant sabordés.
Torpilleurs :

La marine batave métropolitaine pouvait compter encore sur 6 navires de ce type (1912-19) pour assurer sa défense, les 5 autres étant basés à Soerabaya.


Submersibles :

Parmi les plus anciens, il y avait le O8 ( ex-Britannique de 1916 ), le X VII de la classe X V, et les trois de la classe X VIII. Ils eurent trois premiers successeurs, les K XI (1924), puis les cinq K XIV; Les trois O9 (1925) et les quatre O12 (1930) et le O16 (1936), plus petits. Les deux O19 lancés en 1938-39 étaient des mouilleurs de mines. la dernière série entreprise, les O21 construits à Rotterdam et Fijenoord furent victimes de l'invasion. Les quatre premiers, suffisamment avancés s'échappèrent en Grande-bretagne et les trois autres furent capturés et intégrés à la Kriegsmarine en 1941-42.

Canonnières :

Une part importante des Indes néerlandaises était gardée par de puissantes canonnières. Les plus anciennes étaient les trois Friso blindées (1912), reléguées à la métropole, tandis que les Colonies s'appuyaient sur les deux Flores (1925), le Johan Maurits Van Nassau (1932), et le Van Kingsbergan (1939), qui fut utilisée en métropole après sa fuite en Grande-Bretagne. trois autres étaient en construction, mais furent achevées par les Allemands en 1942.

Mouilleurs de mines :

Autre part très importante du dispositif de défense Batave en extrême-Orient, les mouilleurs de mines étaient assez nombreux. Il y avait les navires de la classe Hydra (1911), Douwes Aukes (1920), le Pro patria (1922), le Krakatau (1924), le Nautilus, (1929), le Rigel (1931), les deux Van Oranje (1931), le Jan Van Brakel (1936), le Willem Van de Zaan (1938) et les deux Ram (1941) construits localement, dont le premier fur sabordé et le second servit dans la marine Japonaise. Il y avait également les 8 Jan Van Amstel (1936-37), un neuvième inachevé étant récupéré et réutilisé par les Allemands.
Il y avait également 40 dragueurs de mines côtiers, de très petits bâtiments armés le plus souvent de deux mitrailleuses, de types différents ( Voir fiche ).
Enfiin, la palme de la longévité peut être décernée aux 10 navires de la classe Woden, d'anciennes canonnières datant des années 1870 !...

Divers :

On trouvait également aux côtés des canonnières, des patrouilleurs d'origine civile armés de pièces de campagne de modèle plus ou moins anciens, capables d'opérer une compagnie d'infanterie mais lents et faiblement armés, bien que capables de naviguer sur des fleuves des Indes néerlandaises. Il s'agissait du Folmalhout et du Merel, des navires des classes Sirius, Arend et Fazant, datant d'avant 1930. A leurs côtés opéraient 4 vedettes lance-torpilles construites par Thornycroft et une à Surabaya.
Il y avait également en service 4 dragueurs de mines de 1916 (M1), et trois navires de défense côtière, le garde-côte Vlieereede ex-Hertog Hendrik (1902), le Ijmaiden ex-Van Heermserck et le Soerebaya ex-de Zeven provincien.

Tonnage 1939:

Navires de ligne 0
Croiseurs 4

Destroyers 8
Torpilleurs 11
Sous-marins 22

Divers 107


Transferts et achèvements: La poursuite de la lutte (1941-45)


Comme nous l'avons vu les unités qui ne se sabordèrent pas ou qui ne furent pas capturées eurent le temps de se réfugier en Grande-Bretagne, y compris celles qui n'étaient pas achevées: Ainsi, le croiseur Van Heemskerck, le destroyer Isaac Swers, les submersibles O21 à 24 continuèrent la lutte aux mains des marins Bataves. En extrême-Orient, d'autres navires furent achevés ou presque en l'état de l'être et sabordés ou capturés dans le courant de l'année 1942. Les Japonais en achevèrent pour leur service. Ainsi, sur les nombreux mouilleurs de mines côtiers, seuls les type A, Merbaboe, Alor, Ardjoeno et MvI ( 25 navires ) étaient en service, les Merapi et Djember ( 12 navires ) faisant le bonheur de la marine Nippone.

Des vedettes lance-torpilles étaient également en service en 1942, les Tm4 à 21, dont les Tm16 à 21 étaient inachevés: Tous se saborderont ou seront plastiqués en mars 1942 à Soerabaya. Les Tm51 à 61 étaient construits à Gusto, en Hollande, tous sauf deux furent capturés et remis en service sous pavillon Allemand.

Par ailleurs, la Hollande reçut comme la Russie, la Pologne ou la France des unités en lend-lease: Tout d'abord deux destroyers Britanniques de la classe N, achetés par la Hollande et rebaptisés Van Galen et Tjerk Hiddes, une corvette de la classe Flower, le Friso ex-Carnation et la frégates type River Van Nassau ex-Ribble, le chasseur de submersibles Queen Whilemina ex-PC468. Des dragueurs de mines côtiers Britanniques type Amirauté MMS seront transférés également, 18 navires, 6 vedettes lance-torpilles du type Vosper américaines ( Tm22-37, mais 11 en fait ), et d'autres britanniques type White et Vosper louées à partir de 1942 ( 11 ). Mais avant tout, la Hollande opéra à partir de 1943 deux pétroliers porte-avions d'escorte, les Gadila et Macoma. ( Voir fiche Grande-Bretagne, PA marchands ).

Unités supplémentaires: ( entrées en service ou transférées entre 1940 et septembre 1945 ):

Cuirassés 0
Croiseurs 1

Destroyers 3

Submersibles 2
Torpilleurs 0
Vedettes 22
Divers 24

La Marine Hollandaise en opérations:

On peut simplifier le propos en distinguant deux périodes: La première, dite "de neutralité" commence à la déclaration de guerre en septembre 1939 et s'achêve au moment de la Blitzkrieg le 10 mai 1940. La Hollande se trouve plongée d'un coup dans la guerre et sa flotte, qui comptait 2 croiseurs, 1 destroyers, 9 submersibles, 2 canonnières, 1 aviso, et 6 torpilleurs ainsi que tous les bâtiments en état d'appareiller, fuient pour éviter la capture on sont sabotés. ). Reste tout de même le gros de l'escadre des Indes Néerlandaise, toujours l'arme au pied. Elle comprend 4 croiseurs, 7 destroyers, 15 submersibles et de nombreux dragueurs et mouilleurs de mines, des vedettes lance-torpilles et des canonnières. On craint une attaque Japonaise, mais les alliés sont là, notamment les forces du Commonwealth toutes proches ( Singapour, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ) et surtout le potentiel considérable de la flotte Américaine du pacifique, basé à Pearl harbor.

En décembre 1941, on sait ce qu'il en advient. Très vite, la force ABDA est constituée avec en noyau central l'escadre Néerlandaise ( Oostindiesmarine ), assistée de croiseurs Britanniques et Australiens, d'unités Néo-Zélandaise et Américaines ( ABDA: American, British, Dutch, Australian ). La bataille de la mer de Java sous le commandement de l'amiral Frison Karel Doorman signera la fin de cette force disparate mal organisée et coordonnée. A la suite de cet affrontement majeur, divers engagements mineurs vont avoir raison des derniers effectifs disponibles. Du massacre ne réchappent que le croiseur Sumatra, la canonnière Soemba et 7 submersibles qui se réfugient en Australie. Sur les îles de Java et Sumatra ou des Célebes, au grande arsenal de Sorebaya, les unités réfugiées, endommagées ou en cours de constructions sont sabordées ou plastiquées, ou bien encore capturées.

Désormais l'action de la marine Hollandaise se poursuit en Europe avec les unités réfugiées en Grande-Bretagne ou transférées des alliés, et servirent jusqu'à la fin de la guerre au sein d la Royal Navy, mais avec équipages et commandement Hollandais. Ces forces modestes seront noyées dans la masse des opérations dans l'Atlantique ou vers Mourmansk, prés du cercle polaire, comme les Polonais ou les FNFL, mais assumeront leur rôle jusqu'à la capitulation Nippone, en particulier dans l'escorte des convois, y compris dans des secteurs ou l'on ne l'attendait pas comme en méditerrannée: Le destroyers Isaac Swers sera coulé devant Algers en novembre 1942. Ce dernier prit part d'ailleurs à des combats de destroyers féroces.

Après la guerre, la Marine Hollandaise se reconstituera rapidement, terminant deux grands croiseurs classiques, parmi les derniers à êtres lancés en Europe.

   

Actions:

Mai 1940: La marine et le Blitz en Europe

Poursuite de la lutte:Les Hollandais et la Royal navy

l'Enfer des Indes:Combats contre les japonais

La bataille de java

 

Acteurs:

Karel Doorman. L'amiral héroïque des Indes néerlandaises.

 

 

Fiches:

Croiseurs:

-De Ruyter
-classe Java
-classe Tromp

Destroyers:

-classe Van Galen
-classe Tjerk Hiddes

-Torpilleurs Hollandais

Submersibles:

-classe O8
-classe K V
-classe K VIII
-classe K XI
-classe K XIV
-classe O9
-classe O12
-O16
-classe O19
-classe O21

Canonnières:

-classe Flores
-Van Kinsbergan
-Van Nassau

-Garde-côtes

Mouilleurs de mines:

-Rigel
-classe Van Oranje
-Van de Zaan

Dragueurs de mines:

-classe Van Amstel

Divers:

-Vedettes lance-torpilles
-Patrouilleurs