La Flotte Yougoslave

 

La Flotte Yougoslave en 1941.

Force navale de moindre rang, la marine Yougoslave n'en possédait pas moins le débouché sur l'adriatique de l'ex-empire Austro-Hongrois dont elle fut issue. En 1918, après l'armistice, la marine Austro-Hongroise repliée à Pola devait passer intégralement sous pavillon Yougoslave, mais le traité de Paris en 1920 fut remanié sur l'instance des Italiens qui ne souhaitaient pas la conccurence d'une puissance navale importante en adriatique et exigèrent que les restes de la flotte fussent attribués aux vainqueurs de la guerre, dont elle-même. Par conséquent on ne lui attribua que des unités légères de second plan, certaines hors d'âge, d'autres plus récentes mais de faible tonnage.

Ainsi la flotte Yougoslave reçut en 1920 12 torpilleurs relativement récents ( du type Tb 74 et Kaiman Austro-Hongrois ), dont 6 étaient encore en service lors de l'invasion Allemande d'avril 1941; 4 très vieux dragueurs de mines, ferraillés rapidement, et 4 monitors de rivière. Au début des année 20, elle acheta à l'Allemagne le croiseur Niobe qui fut rebaptisé Dlamacija et 6 dragueurs de mines modernes du type M.

En 1920, la situation du jeune Royaume Yougoslave était mauvaise: Pays composite né de la déliquessence d'un vieil empire, il était en mauvaise posture économique et tiraillé entre les aspirations nationalistes des peuples le composant, en majorité Serbe, ces derniers devant composer avec les minorités Croates et Slovènes. En 1922, grâce à l'afflux de capitaux étrangers, la situation économique commença à s'améliorer avec la stabilisation politique du pays, mais en 1929, une nouvelle déterioration commença. La crise empêcha même de pouvoir exploiter ce qui restait des chantiers navals impériaux avant-guerre. Aussi elle commanda en Allemagne ses navires, avant de voter le maigre budget concernant la construction de quatre nouveaux destroyers. Par manque de fonds, seul le premier fut finalement approuvé et construite en grande-bretagne à Yarrow. Portant le nom de Dubrovnik, il fut en son temps le plus puissant destroyer du monde, et le restait en 1939.

Quatre submersibles furent également commandés, deux en Grande-Bretagne et deux en France, en 1926-27, puis enfin trois nouveaux destroyers plus modestes que le Dubrovnik également construit sur des demandes spécifiques par des chantiers Français ou sur place avec étroite supervision Française. A peu près à la même époque, une canonnière, qui devait servir également de yacht Royal, fut commandé en Italie, et opérationnel en 1940, le Beli Orao. Les seuls navires de construction locale ( Krajlevika ), furent cinq petits ravitailleurs de mines armés, à l'origine entamés sous l'ère Impériale, et achevés par les Yougoslaves. On passa commande également en Grande-Bretagne de 2 vedettes lance-torpilles, et 8 autres en Allemagne, à la veille de la guerre. Ces choix reflétaient l'incertitude quand aux relations diplomatiques de la Yougoslavie en Europe, mais vers 1934, le Roi légitime Alexandre fut assassiné à Marseille par l'Oustasa Croate et le régent Paul qui affichait ses sympathies envers Hitler sembla faire basculer la maison royale dans le camp de l'axe, ce qui aurait été fâcheux pour la position des Britanniques en méditerranée et pour les Grecs.

En Mars 1941, le 27, devant le rapprochement actif du régent vers les Allemands, une partie de la famille royale, soutenue par la population choisit de se soulever et de porter au pouvoir le jeune Prince Pierre II, récemment échappé du conseil de Régence installée au Palais ou il était surveillé. La population Serbe, majoritaire, était en effet hostile aux Allemands par tradition, tournés plutôt vers les Russes. Devant ce "coup d'état" conçu par Hitler comme une provocation, il trouva le casus belli qui lui permit d'envahir le pays afin d'aider son allié Italien fourvoyé en Grêce depuis l'hiver 1940. L'opération "Marita", modifiée pour répondre à une invasion-éclair de la Yougoslavie qui commença officiellement le même jour fut au début du mois d'avril une nouvelle démonstration de "blitzkrieg" dans laquelle la flotte Yougoslave se retrouva tiraillée entre des sympathies Croates ( Dont était issue une partie des officiers et des matelots ) et Serbes, appuyant le gouvernement en exil de Pierre II. La Luftwaffe s'en donna à coeur joie et presque toute la flotte fut coulée ou mise hors de combat les premiers jours. Certains navires furent capturés, raparés et intégrés à la flotte Italienne, d'autres s'échappèrent.

Composition de la flotte:

-Un croiseur, le Dalmacija. Navire-école en 1927 de la flotte Yougoslave en raison de son grand âge.

-4 destroyers récents: Le Dubrovnik ( 1931 ), et les trois Beograd ( 1937-38 ). C'est le Dubrovnik qui servait de navire-amiral.

-6 torpilleurs de haute mer: Anciennement type 74, ( 1914-16 ). Bâtiments comparables à bien des torpilleurs de "marines pauvres" en Europe.

-4 submersibles, les deux Osvetnik ( 1928 ) de construction française et les deux Hrabi ( 1927 ) Britanniques.

-26 Divers:

  • La canonnière Beli Orao (1939)
  • 6 mouilleurs de mines classe Galeb (1918)
  • 5 Ravitailleurs armés classe Malinska (1931)
  • 4 Monitors fluviaux ex-Austrichiens Sava, Morava, Drava et Vardar.
  • 10 Vedettes lance-torpilles du type Thornycroft (2 - 1927), et Lürssen (8 - 1939).

Le destin de la flotte Yougoslave (1941-45):

Lorsque l'opération "Marita" arriva à terme, la Yougoslavie était en coupe réglée. Du 6 au 16 avril en effet, la faible armée Yougoslave, déjà amputée de ses effectifs Croates mutinés, est anéantie, et ce qui reste d'elle tente de se réfugier dans les zones montagneuses de Serbie. Mais la manoeuvre en tenaille de Von Weichs l'encercle et l'armée capitule le 18. La flotte, elle, à fait les frias d'une attaque aérienne massive et les survivants se réfugient dans des ports alliés, dont Malte. La Croatie de son côté accueille les Allemands en libérateurs et vont très vite devenir des auxiliaires de l'axe en Yougoslavie, les terribles Tchetniks le disputant aux SS en matière de terreur et de répression féroce. Un gouvernement fantôche fut bientôt mis sur pied, dominé par les Croates, sur le territoire ( agrandi ) d'une hypothétique "grande Croatie". Partout ailleurs, la Yougoslavie était occupée. Les partisans serbes, Bosniaques et slovènes lui opposèrent une résistance farouche.

La "marine" Croate fut rééquipée de quelques dragueurs de mines basés à Varna en mer noire: Les Italiens refusèrent de voir une flottille Croate sur l'adriatique. Après l'armistice Italien, ces derniers furent rééquipés avec d'autres unités de l'ancienne marine Royale, mais un changement d'attitude, et une mutinerie sur le torpilleur T7 débouchèrent sur la fuite d'équipages vers les partisans. En 1944, Tito était en effet arrivé à fédérer de nombreux Croates pro-communistes contre l'occupation Allemande. Quand aux forces navales de Tito, elles étaient particulièrement modestes, comptant au départ deux vieux navires de pêches armés, suivis de 70 autres. Elle compta également une cinquantaine de patrouilleurs d'origines diverses, de 20 tonnes au mieux, les listes comprenant aussi 200 transports et une dizaine d'autres navires légers. Les Partisans de Tito furent principalement aidés par Chruchill en moyens navals. A la mi-1944, 8 patrouilleurs ex-Américains du type PC et la corvette Nada, ex Mallow du type "Flower".

Aidés par l'URSS, les partisans Yougoslaves parvinrent ensuite à libérer le territoire de l'occupation. Ce qui restait de la flotte ( des navires passés de mains en mains, parfois ex-Austro-Hongrois puis successivement Yougoslaves, Italiens, Croates, Yougoslaves de nouveau comme partisans, Allemands. ). La nouvelle marine Yougoslave républicaine se reconstituera lentement après la guerre.