Vedettes et Navires spéciaux Italiens ( 1940-43 )


I-Les vedettes légères lance-torpilles:


MTSM, 1942.

MTS:
Ces vedettes ultra-légères étaient en fait destinées à faciliter la production en masse
, accessible à de simples chantiers civils. Ils se basaient sur des vedettes et hors-bord biplaces de tourisme que l'on trouvait dans toutes les villes de la Riviera Italienne et dont les performances ravissaient les connaisseurs. Les prototypes furent les 4 MTS ( Motoscafi  di Turismo, Siluranti ), basés sur les MTM ( canots explosifs ) de 1938. En 1939, ils testèrent des configurations de lancement de torpilles légères stockées sur la plage arrière et "larguées", aileron d'abord et par la poupe, laquelle était profondément enfoncée dans l'eau sous la force de l'accélération. Mais le poids de ces torpilles rendaient ces vedettes excessivement lentes et instables, ce qui conduisit Baglietto à revoir sa copie.

Caractéristiques (MTS):

 Déplacement & Dimensions

 1,7t_  7,15 x 2,10 x 50cm

 Propulsion  1 hélice, Mot. 4 cyl. Alfa-Romeo 90cv, 28 Noeuds max.
 Equipage   2
 Armement  2 torpilles de 450 mm.

 

 


MTSM:
La série lancée en 1941 s'appuyait sur les MTS de 1939, mais incluant des améliorations d'ou le "M" pour "Modificati" de ces MTSM. Ils étaient plus grands et faisaient appel à un second moteur Alfa-Romeo, prenant la place d'une des deux torpilles de 450 mm. Ils recevaient également un armement supplémentaire composé de 2 deep-charges. Leur rayon d'action assez faible les condamnaient à être transportés pour opérer efficacement. Cependant, ils étaient beaucoup plus stables et rapides et donnèrent satisfaction, le MTSM 228 réussissant à couler le destroyer d'ecorte HMS Eridge. Plusieurs centaines ont étés fabriqués, mais on ignore le chiffre exact.

Caractéristiques (MTSM):

 Déplacement & Dimensions

 3t._  8,40 x 2,20 x 60cm

 Propulsion  1 hélice, mot. 4 cyl. Alfa-Romeo 90cv, 32 Noeuds max.
 Equipage   2
 Armement  2 torpilles de 450 mm, 2 DC.

 

 


MTSMA:
La série des MTSMA de 1942-43 ( A pour Allargato, agrandis ), étaient très proches des MTSM, mais avec des dimensions supérieures pour accueilir un réservoir plus important et donc améliorer leur rayon d'action ( 25 nautiques ). Ils étaient donc aussi plus lents, mais pouvaient embarquer une mitrailleuse de défense et des Deep-charges de 70 Kgs au lieu de 50, ainsi que des pots fumigènes. Plus d'une centaine avait été commandée, mais moins d'une moitié fut achevée avant l'armistice, et un grand nombre tomba aux mains des Allemands.
Il y eut aussi un canot spécialisé dans le transport de torpilles pilotées afin de forcer la rade de Malte ( les célèbres "cochons", voir plus loin ). Ils étaient capables d'en porter 2 dans le silence le plus total durant l'approche nocturne grâce à un moteur électrique. Leur moteur "normal" était un 4-cylindres de 22 cv, ce qui donnait à ces machines de 7 tonnes une vitesse de 5 noeuds. Ils étaient produits en 1941, mais on ignore en quelle quantité.

Caractéristiques (MTSMA):

 Déplacement & Dimensions

 3,65t_  8,8 x 2,32 x 70cm

 Propulsion  1 hélice, deux mot. 4 cyl. Alfa-Romeo 190cv, 29 Noeuds max.
 Equipage   2
 Armement  2 torpilles de 450 mm, 1 mitt. 6,5 mm Breda, 2 DC, grenades.

 

 



II-Les vedettes explosives.



MAT "Barchino":
Ces canots hors-bord étaient spécifiquement conçus, à l'instar des Maru-ni des Kamikazes un peu plus tard, pour emporter une charge explosive et de servir de "torpille" pilotée, avec une puissance bien supérieure. Ces navires en bois ou en alliages étaient suffisamment légers et petits pour être largués à distance opérationnelle par un hydravion Savoia-Marchetti S55. Ces deux prototypes ne furent pas satisfaisants et une version modifiée fut testée de nouveau en 1940 contre le vieux croiseur Quarto, qui exposa et coula.

Caractéristiques (MAT):

 Déplacement & Dimensions

 950 Kgs._  4,74 m

 Propulsion  1 hélice,  4 cyl. Alfa-Romeo 90cv, 32 Noeuds max.
 Equipage  1
 Armement  charge explosive de 330 Kgs.

 

 


MTM:
Ces "Modificati", étaient développés en 1939. Il s'agissait d'une version plus stable et destinée à être opérée depuis des unités légères de la flotte. Deux séries dont la première fut modifiée en cours de route aboutirent à un total de 28 canots de ce type, dont 6 furent débarqués en baie de sude par les destroyers Sella et Crispi, et réussirent à détruire totalement le croiseurs lourd HMS York et son pétrolier ravitailleur. Ces "Barchini" disposaient d'un siège monté sur ressorts à détente afin que le pilote puisse s'en éjecter en pleine course avant l'impact. 20 furent construits, la plupart utilisés par la "république sociale Italienne" ( le régime de Salo ) en 1944.
Les MTRM ( Ridotta ) étaient une variante tardive un peu plus grande et totalement hermétiques pour pouvoir être utilisés depuis des submersibles.
Un autre modèle, le MTRLM ( Lente ), à moteur électrique pour approches discrète, de 4 mètres de long, avec une charge de 200 Kgs avait été également construite pour être utilisée par le pétrolier Olterra. Les 4 réceptionnés n'ont jamais utilisés au combat. Tous ces navires étaient construits en bois, et de facture grossière.

Caractéristiques (MTM):

 Déplacement & Dimensions

 1000 Kgs.._  5,60 x 1,90 m

 Propulsion  1 hélice, 4 cyl. Alfa-Romeo 95cv, 33 Noeuds max.
 Equipage  1
 Armement  Charge explosive de 300 Kgs.

 

 



III-Les Torpilles Pilotées



SLC "Maïale":
Ce sont certainement les plus fascinants des engins spéciaux conçus par les commandos d'hommes-grenouilles Italiens. A l'origine, on trouve les deux officiers,
Raffaele Rossetti et Raffaele Paolucci, qui se rendirent très célèbres pour avoir réussi à couler dans les derniers jours de la grande guerre à l'aide d'une torpille équipée d'une charge explosive à retardement, la "Mignatta", le cuirassé Autro-Hongrois Viribus Unitis. Capturés par l'ennemi, puis libérés quelques jours plus tard à l'armistice, dûment félicités et promus au grade supérieur, ils ne purent cependant poursuivre leurs expérimentations immédiatement. Ce furent deux autres officiers, Elios Toschi et Teseo Tesei, qui au sein de la Spezia menèrent ces expérimentations secrètes.

Elles aboutirent en 1935 à la création du prototype "Maïale" ( "cochon" ), avec la bénédiction de l'amiral Cavagnari, qui finança ces travaux. Le SLC ou SCL ( Siluro a Corsa Lenta ) utiliait le corps d'une torpille standard de la marine ( 533 mm ), mais était profondément modifié.
On y trouvait un moteur électrique, de façon à lui permettre d'être manoeuvré discrêtement par les hommes-grenouilles, un "kiosque" de pilotage et deux réserves d'oxygène qui alimentaient les commandos pendant leur trajet vers la cible. Ils en partaient ensuite à la nage avec leur propres bouteilles. Une première démonstration prouva le projet sensé et utilisable, et une unité fut créée en Toscane, sur un affluent du Serchio, embryon de la fameuse brigade "X-Mas", ou 10ème flottille. Les tests se déroulaient non loin de Vareggio, à proximité de la mer, sur les terres du Duc de Salviati.

Quatre SLC furent commandés à la Spezia et abondamment testées, tout comme d'ailleurs de nouveaux appareils respiratoires. Le surnom de ces machines provenait d'une anecdote sur l'énervement de Tesei, devenu instructeur, et qui pestait constemment sur la lenteur du SLC en demandant à son élève copilote de "presser le cochon". La même fine équipe travailla également sur les MAT et MTM ainsi quelque d'autres projets. Mais avec la de la colonisation en Ethiopie et de la guerre d'Espagne, on décida de disperser les effectifs et d'arrêter les développements, de sorte que la 10e flottille n'était pas opérationnelle en 1939. Ce n'est que lorsque les bruits de bottes résonnèrent en Pologne que l'amirauté se décida à donner les fonds nécéssaire pour poursuivre ces recherches. Fin 1939, la 10e flotille comptait 11 SLC et 7 MTM. Elle travaillait aussi sur des mines à chenille sous-marines et des submersibles de poche de défense portuaire.

On testait en mer les SLC avec le vieux submersible H1, datant de 1917, qui fut réformé. En échange, la brigade reçut quatre unités récentes, dont l'Ametista, puis les Gondar, Neghelli, et Scirè. En février 1940, l'unité était à pied d'oeuvre, partant de la Spezia avec le Scirè. Les SLC commençèrent alors une carrière offensive. Une première attaque fut menée contre Gibraltar le 30 octobre, avec le Scirè commandé par le Cdt. Borghese. Mais la défaillance du matériel fit que les 3 SLC envoyés échouèrent dans leur tentative. L'un d'eux avait tout de même réusi à atteindre le HMS Barham, mais étant tombé en panne peu avant l'objectif, la tête posée trop loin de la coque ne pouvait faire de dégâts. Brindelli détacha cependant la pesante tête explosive mais ne parvint pas à la traîner à la verticale du cuirassé, là ou elle aurait pu faire du dégât. Etant assuré de l'échec d'une tentative de mise à feu, risque de découverte de leur mission, et qui plus est de mesures de surveillance toutes particulières à venir, l'équipage de ce dernier "cochon", renonça à sa mission et regagna le Scirè, puis Algésiras. La troisième tentative se fit avec en plus du Scirè, le pétrolier "La Fulgor", comme base secrète à Algésiras. Mais arrivé en face de la rade de Gibraltar, le Scirè fut contraint de plonger en catastrophe de nuit à cause d'une patrouille et à cause de problèmes techniques, les SLC ne furent pas oppérationnels, le subersible rentrant à Algésiras puis La Spezia.

Malgrès ces échecs, l'expérience fit préparer les équipes pour de nouvelles tentatives qui allaient de révéler payantes. En septembre 1941, le Scirè était opérationnel de Cadix. Cette fois les équipages de deux des trois SMC réussirent à forcer la rade du "Rocher" et à couler le Shell ( 2400 t. ), le Durham ( 10 900 ) et le Dernbydale ( 15  900 tonnes, un pétrolier militaire ). Le troisième équipage parvint donc à remplir finalement sa mission. Une nouvelle campagne eut lieu en juin 1942 à partir de la villa Carmela: Ils coulèrent encore le Shuma, L'Empire Snipe, et le Baron Douglas. Le 15 septembre, le Ravens Point était également envoyé par le fond.

Le 8 décembre, une nouvelle opération fut menée à patir de l'Olterra. Ce pétrolier de 5000 tonnes était présent à Gibraltar le jour de la déclaration de guerre le 10 juin 1940. Sabordé par son équipage pour éviter la capture, il sombra en basses-eaux. En 1942, les agents italiens travaillant pour la 10e flottille recrutèrent des équipes techniques Espagnole pour renflouer le navire sous couvert d'un financement d'un armateur Espagnol qui souhaitait le remettre en service après réparations. Mais dans le plus grand secret, le navire, conduit en cale sèche à Algésiras fut modifié pour recevoir une piscine avec des pompes et un accés sous-marin pour les Maiales.

Opérationnel en décembre, l'Olterra mena sa première opération de nuit, mais la surveillance de la rade était intense, les passes de grenadages également, et au bout du compte, la mission fut un échec, avec la perte d'un des SLC et la mort de son équipage.
Cet échec avait été largement racheté par le triomphe d'Alexandrie, à l'autre bout de la méditerrannée. La base, dans laquelle s'étaient réfugiés le Valiant et le Queen Elisabeth n'était pas moins facile d'accés. Un immense filet en protégeait l'accés et les navires étaient eux-même protégés, de plus la rade était faite de hauts-fonds, passablement vaseuse et l'eau trouble. Malgré cela, l'équipe du Scirè, dont Luigi Durand de la Penne, attaqua à trois "cochons" la rade durant la nuit du 18 au 19 décembre. La mission, naturellement effectuée de nuit pour éviter un repérage, est toutefois très hasardeuse. Cela commence par l'impossibilité de découper les filets qui défendent l'entrée de la rade sans éveiller l'attention des veilleurs. Mais le destin se montre favorable: trois destroyers rentrent de patrouille. Tel le pont-levis d'une forteresse médiévale, le pesant filet d'acier s'écarte lentement. Les trois minuscules torpilles des Italiens s'y faufilent, prises dans les remous.

Une fois dans la rade, les équipages roulent par-dessus les filets qui protègent les deux énormes cuirassés, sans bruit, et réussissent 
à déposer leur charges programmées pour exploser trois heures plus tard. Ils devaient rentrer au Scirè, qui les attendaient devant l'entrée du port, posé sur le fond, mais les choses ne se passent pas comme prévu: De la Penne notamment, va perdre son second, Bianchi, victime d'une panne de respirateur, obligé de faire surface et de se réfugier derrière une bouée. De la Penne ne le sait pas encore, et se trouve obligé de traîner la pesante masse ( 300 Kgs ) d'explosifs de la tête déboulonnée du SLC.

Luttant pour chaque centimètre, à la force des bras, dans la boue, se fiant à son orientation, il parvient à la déposer juste sous la carène à l'avant du Valiant. trop épuisé pour la fixer, et à cours d'oxygène, le SLC étant immobilisé à cause de leur câble-guide, il se voit contraint de faire surface. Mais le clapotis de son émersion déclenche l'alarme des hommes de quart du cuirassé. De la Penne va se réfugier derrière la même bouée que son camarade Bianchi, et les deux hommes sont cueillis quelques minutes plus tard par une vedette. De la Penne est séparé de son compagnon; interrogé, et enfermé à fond de cale.

Mais il suit d'un air fébrile la trotteuse de sa montre, inexorable. Quelques minutes avant l'explosion qui aurait dû lui être fatale ( le magasin dans lequel il était enfermé se situait juste à quelques mètres de la charge ), à force de coups sur la porte, il parvient à se faire sortir et conduire devant le commandant Morgan, qu'il prévient de faire rassembler son équipage sur le pont. Refusant de dévoiler la position de sa mine, il est renvoyé à fond de cale. Suivant avec l'angoisse que l'on imagine la trotteuse égréner les dernières secondes, il attend son sort. L'explosion qui suit ébranle toute le bâtiment comme un tremblement de terre. La coque gémit, un grondement sourd s'amplifie et des grincements sinistres se font entendre tandis que la fumée envahit les coursives. Lorsque De la Penne revient à lui, vivant, la porte de sa cellule à sauté de ses gonds. Dans la confusion relative qui s'installe, il regagne le pont, se cache et attend la prochaine explosion: A 6h15, 11 minutes après celle du Valiant, le Queen Elisabeth est à son tour secoué par le choc. Les deux navires se poseront sur le fond.

ll n'y aura que quelques rares victimes sur ce dernier, et aucune sur le Valiant. Avec un mètre cinquante d'eau sous la carène, les deux géants se posent doucement et émergent largement. Leur artillerie n'a pas souffert et leur capacité offensive reste intacte, m
ais ils sont immobilisés pour un an. La Royal navy n'a plus de bâtiments de valeur en méditerranée. Toutefois la marine Italienne ne profitera pas de cet avantage pour lancer une opération: Voyant les photos d'un avion d'observation, le Duce croit que les deux navires sont pleinement fonctionnels et en mesure d'intervenir. Il s'oppose à une sortie. De la Penne sera refait prisonnier, déplacé de camp en camp, après plusieurs tentatives d'invasion réussies et toujours rattrappé, jusqu'en inde. après l'armistice, il passera du côté des forces Italiennes libres opérant avec les alliés.
Son fait d'armes courageux, très apprécié par les Britanniques toujours fair-play  lui permit de se retrouver à la tête d'une nouvelle équipe. Il opéra dans la rade de la Spezia, en cours d'évacuation par les allemands, coulant les navires que ces derniers projetaient de saborder à l'entrer du port. Il fut décoré après la guerre par l'amirauté Italienne et plus tard par le prince héritier Umberto, et la medaglie d'oro lui fut remise par... Charles Morgan, qui n'avait pas oublié le geste chevaleresque du courageux homme grenouille, ayant épargné son équipage.

Le 7 mai 1943, l'unité avait été reconstituée, et toujours à bord de l'Olterra, sous le commandement du même Borghese, l'opération fut cette fois un franc succès, avec la destruction des Pat Harrisson, Mahrsud et Camerata. En août 1943, ce furent les Otis Gray ( américain ), Thorshoud ( Norvégien ) et Stanbridge ( Britannique ). En septembre 1943 de nouvelles tentative pouvaient êtres menées, et une mission à partir de l'Olterra fut même planifiée une attaque de SLC coordonnés avec des vedettes Barchini, mais l'armistice Italienne était signée entre-temps.

Caractéristiques (SLC):

 Déplacement & Dimensions

 600 Kgs._  6,7 m x 1 x 53cm

 Propulsion  1 hélice, 1 mot. électrique, 5 Noeuds max.
 Equipage   2
 Armement  1 charge explosive détachable 220/250 Kgs.