Hemiolia (300 av. JC.)


Thracian Hemolia
Une hémiolia Thrace, (200 av. J.C.), d'après une description sur un bas-relief Romain. La partie centrale est dégagée, l'espace perdu étant compensé par les nages doubles.

L'Hémiolia ( Hémiolie en Français ), était navire léger, généralement classé dans les "aphractoï" ( non ponté ), propre aux pirates de la mer Égée ( Chios, Lesbos, Lemnos, Sporades et Cyclades ) et de l'Asie mineure, comme les Ciliciens, contrairement aux liburnes et lemboï, propres à l'adriatique. La configuration de ces navires reste sujette à controverse. Il s'agissait de navires à voile, légers, petits mais légèrement plus larges que les monères classiques, car ayant un homme et plus par aviron, contrairement aux triacontores et pentacontores. Les interprétations divergent quand à leur configuration de rameurs: Selon John Morrison par exemple, l'Hemiolia serait une monère dans laquelle les avirons sont maniés par deux hommes uniquement à l'avant et à l'arrière, la partie centrale ou avant n'ayant qu'un rameur, ceci afin de dégager le pont pour les manoeuvres de la voile comme de la place pour les combattants.

L'hemiolia Thrace ci-dessus serait encore plus absolutiste, puisque ayant deux rameurs par avirons, mais aucun pour la partie centrale, totalement dégagée. La dihémiolia comprendrait le même système, mais à la manière des dières sur deux rangs, et la trihémiolia, logiquement celle des trières, avec la différence moins d'avirons par bordée ( pas plus de 25 à l'instar du pentécontore ). Cependant Morrison parle pour la trihémiolia de deux rangs, arguant du fait que la dihémiolia n'est mentionnée nulle part, contrairement à Casson qui pense à trois rangs dans ce cas, mais deux pour l'hémiolia, qui pour lui se réserve la possibilité de dégarnir la partie centrale de ses rameurs ( avec un rameur par aviron ) pour pouvoir ranger la voile et démonter le mât, ce que Morrison conteste en arguant du fait que dégarnir les rameurs au moment même ou la voile est déposée est précisément illogique.

Thracian Hemolia
Trihémiolia Rhodienne, 120 av. J.C. C'est un vaisseau "cataphracte" (entièrement ponté), intermédiaire entre une trière et une tétrère.

Pour Suzanne Ellis, (étudiante) l'Hemiolia aurait deux hommes par aviron, sur un seul rang, mais seulement pour la moitié de la longueur ("hémi" signifie "moitié"). La trihémiolia aurait deux rangs (elle ne parle pas de dihémiolie). Elle serait mentionnée comme le navire principal de Rhodes, probablement pour mieux combattre la piraterie et ses navires légers, la trihémiolie étant partiellement pontée comme les trières Grecques. Les Grecs (mention pour la flotte Athénienne) et les Lagides en auraient disposé au sein de leurs effectifs. Ces navires étaient en effet considérés comme plus maniables que les trières. La trihémiolia ne serait alors pas une galère dans laquelle la partie centrale est dégarnie, mais une sorte de trière dans laquelle deux hommes manient l'aviron du haut. (voir coupe), ce qui paraît se rapprocher beaucoup d'une simple variante de la trière. Pour Michael Williams, autre étudiant en archéologie maritime, cette répartition marcherait par section, l'hémiolia ayant un rang unique mais manoeuvré par un ou deux hommes alternativement par section. La trihémiolia aurait le même système appliqué sur deux rangs, voir trois et alternativement 3/4 hommes par bordée, ce qui en ferait un navire -dans le cas d'une trentaine de rames par rangée- intermédiaire entre la tétrère et la trière, et de plus cataphracte (ponté), bien éloigné des navires pirates de la mer Égée...

Mon opinion personnelle est que, faute de description réelle (bas-relief, mosaïque), mais selon des mentions écrites, ces navires doivent êtres considérés logiquement en prenant en compte le terme grec de "demi". Effectivement, la solution par alternance de section semble plausible. L'hémiolia dans ce cas pourrait être dans une configuration 1/2 rameurs alternés par section, la dihémiolia 2/3 (sur deux rangs) et la trihémiolia 3/4 sur trois rangs, en considérant que seules les hémioliae pirates auraient étés des inspiratrices, les dérivés proprement militaires (comme les lourdes trihémiolies Rhodiennes, par ailleurs inventeurs de la tétrère, échelon supérieur), étant des navires cataphractes de première ligne. Je ne vois pas beaucoup l'intérêt qu'il y aurait eu à dégager la partie centrale du pont, mais par contre - comme en parle Morrison, le dégagement de la partie avant semble plus logique. Les deux solutions (bordée complète alternée et bordée partielle avant) recoupant le même sens, mais avec pour les deux la difficulté également d'avirons de même longueur (rang unique oblige), obligeant à choisir dans la chiourme les hommes suffisamment forts pour manier un aviron fait pour deux. (Y avait-il alternance en cours de route?). Le même problème se répétait pour les rangs supérieurs...