Totora (Navires en Jonc, 3000 av.jc.)


Mata Rangi Une reconstitution récente, le Mata Rangi III de l'espagnol Munoz (navistory).

Les ajoncs du lac titicaca en Bolivie, ainsi que ceux bordant nombre de grands fleuves célèbres ont étés, faute d'arbres de grande taille, le matériau de choix pour la construction, des paniers aux cabanes, en passant par les embarcations. Grâce à leur structure creuse, les ajoncs une fois tressés et liés ensemble au-dessus de la surface de l'eau ne se remplissent pas et permettent à un navire archaïque de flotter durablement, et de servir de moyen de déplacement. Ainsi, les andins de ce lac connaissent-ils un savoir faire perdu depuis des millénaires, puisque le bois s'est implanté partout durant l'antiquité, reléguant les navires souples en jonc dans les obscures débuts de la navigation. Les embarcations de roseaux comme le totora péruvien sont construits un peu comme des paniers tressés, avec les deux extrémités recourbées vers le haut. Leur fabrication semble rapide et aisée, mais elle demande des prérequis et une expérience certaine.

Depuis Thor Eyerdahl, nombre de scientifiques-aventuriers ont tenté de prouver les flux migratoires, voyages et découvertes des plus anciennes civilisations. La plupart, toujours médiatisés car spectaculaires ont fini en échecs, principalement pour des raisons inhérentes à ce type de navire, plus à l'aise dans des eaux tranquilles. Le plus grand et le plus impressionnnant de toutes ses reconstitution fut le Mata Rangi, de l'espagnol Kitin Munoz, dont l'idée était de battre tous les records de distance, de taille et de durée de navigation sur un navire en jonc dont la construction était chapeautée par la famille Esteban des Aymara, qui se transmettent de père en fils les recettes de construction des totoras (les dérivés des plus grands sont utilisés comme radeaux flottants). En 1997, le Mata Rangi I (30 mètres-70 tonnes) tenta de rallier le japon depuis l'île de pâques et sombra au bout de 25 jours de navigation, le Mata Rangi II partit du Chili en 1999 pour tenter de rallier l'asie mais s'échoua en polynésie coupé en deux, rongé par les mollusques...

Le Mata Rangi III fut construit à Barcelone en 2001, dans le but de joindre depuis le maroc les caraibes, avec un navire de plus de 21 mètres par 4,50 de large de 15 tonnes, trois voiles de type polynésien et un équipage multiculturel, mission placée sous l'égide de l'Unesco. La mission se termina au cap vert après que le navire ait subi de graves avaries irréparables à la suite d'une tempête. Si aucune de ces expéditions n'a prouvé la liaison en des temps réhistoriques de peuples entre les continents, elle démontre en tout cas que la construction de navires en jonc, aussi primitive qu'elle soit permettait de voyager sur des distances et des durées suffisantes pour joindre des terres éloignées via les îles plus que par voyages directs. Le matériau lui-même ne supportait pas l'environnement marin plus d'un certain temps. Imprégnation et pourriture, dégradation des mollusques, tempêtes, s'opposaient en effet à des traversées longues dans de bonnes conditions. A ce titre, seuls les navires en bois de chêne, avec quilles et couples, auront les arguments nécéssaires...