Chébecs et demi-chébecs Russes (1788)


Chébecs Russes
Un chébec Russe gréé latin de la flotte Russe en 1789.
demi-chébecs Russes
Demi-Chébec de 1788. Noter le gréément mixte et les huit pièces légères.

Il est inhabituel de voir la silhouette racée de ces navires hybrides typiquement méditerranéens, symboles tant craint par les occidentaux car immédiatement associé aux pirates "barbaresques" qui razziaient au début de la renaissance les côtes du sud de l'Europe et les navires marchands. Véritable pur-sang, l'élégant chébec était un dérivé de la galère, à la différence que les avirons avaient étés supprimés au profit d'une voilure très conséquente, latine, puis par évolution, mixte, entièrement carrée alternativement à une voilure latine. Apparenté à la Polacre qui en constitue une évolution moderne, mais aussi aux Tartanes plus petites, à la Felucca Espagnole, au Mistic et à la Fauvette, à la Pinque méditerranéene, le Chébec (Sciabecco en Italien) reste l'un des symboles de la méditerranée. Continuant à puiser dans ce patrimoine afin de tenter de l'adapter à la Baltique, mer fermée à priori propice à ce genre de navires, Catherine de Russie, inspirée de Pierre le Grand, fit appel à des constructeurs Espagnols pour bâtir quelques dizaines de ces chébecs et demi-chébecs pour s'opposer aux pesants vaisseaux Suédois lors de la seconde guerre de la Baltique en 1788-90.

Les chébecs Russes étaient ainsi des copies à peine modifiés de ces navires qui furent aussi construits et employés au sein de la marine française. Leur tirant d'eau était faible, leur coque étroite mais sans pour autant en faire un navire instable, leur mâts courts, non composés ou "à pible" et légers portant de grandes voiles latines sur antennes complétées par des focs sur le "beaupré" (en réalité le mât de trinquet), ou une voilure partiellement carrée, avec un voile latine à l'avant, un phare carré au milieu et une brigantine à l'arrière. Le demi-chébec était une version raccourcie, dotée de deux mâts au lieu de trois, portant une voile latine à l'avant, une brigantine à l'arrière surmontée d'un hunier carré. Tous se manoeuvraient aussi à l'aviron en cas de calme plat, très pratique pour évoluer dans les hauts fonds sableux des îles du golfe de Bothnie. L'équipage des chébecs variant de 200 à 240 hommes, les demi-chébecs ayant moins de 150 hommes à bord. Ces derniers, plus manoeuvriers, portaient une artillerie réduite à 8 pièces de fer ou d'avantage, tandis que les Chébecs alignaient en standard 24 canons. Ils avaient l'avantage d'une artillerie plus importante que les galères.