Skampayeva (1714)


Skampayeva
Une Skampaveya, l'actrice de la victoire de Gangut (presqu'île de Hangö) en 1714.

Pierre Ier dit le Grand, Tsar "de toutes les Russies" en 1682 fut un personnage hors du commun. Grand physiquement autant que par destin, décrit par Voltaire comme "excessif" en caractère comme pour son amour du vin et des femmes, et en cela profondément Slave, il était robuste et en même temps "moderne" en ce sens qu'il fut l'un des premiers Tsars à voyager et trouver à l'étranger de quoi enflammer ses compatriotes. On le vit notamment simple charpentier de marine en Hollande dans sa Jeunesse. Fondateur de Saint-Petersbourg, "Venise du Nord" issue de marécages et des sables de la Baltique, c'est lui qui donna à la Russie sa première véritable marine. Son principal opposant, Charles XII de Suède, le craignait à juste titre et lorsque la guerre parut inévitable, Petr Veliky s'y était préparé. Sachant que les opérations le mènerait dans une partie de la Baltique aux îles nombreuses et hauts-fonds, il choisit plutôt que de construire des vaisseaux classiques comme son adversaire, de faire appel aux constructeurs Italiens, et de s'équiper de galères. Mais si sa flotte comptait au moment ou commença la première guerre de la Baltique, force galères de grande dimensions, il fit galement construire en masse un type de galère particulière adopté jusqu'ici par quelques riches personnages, de faible dimension.

En plus d'offrir un coût moindre et une plus grande rapidité de construction, la Skampaveya, encore très inspirée des galères méditerranéennes par ses voiles latines et sa construction générale, était bien plus réduite, s'apparentant presque à une grande Yole. Les Skampaveyas ont en effet un maximum de 15 aviron par bordée maniés par deux rameurs soit 60 en tout. Elles sont longues d'environ 20 mètres pour 4 de large, et le nombre d'avirons ne dépasse guère 18. Son armment consiste en trois pièces légères en chasse de 6 et 10 livres, et les fusils d'une compagnie d'infanterie, mais l'intêrét ne réside pas dans ce dernier mais surtout à la capacité de ce bateau à pouvoir être déployé en masse et à gêner l'adversaire, comme le feraient des torpilleurs dans une guerre plus moderne, ou les frêles Lembi dans les marines de l'antiquité. De nombreuses batailles prouvèrent en effet, comme celle d'actium en 31 avant JC. menée par Agrippa et ses liburnes, que de nombreux navires de petite taille ont la capacité d'immobiliser puis de surclasser ensemble des bâtiments bien plus gros. En l'occurence, la victoire Russe fut chèrement acquise: Une quarantaine de ces petites Skampaveyas furent détruites afin de capturer ou de mettre hors de combat quelques vaisseaux Suédois, dont les canons avaient une portée trop forte pour ces bâtiments légers et très mobile.