Mouilleurs de mines Japonais :

Avec la Hollande, le Japon est le pays qui faisait le plus appel à des mouilleurs de mines spécialisés. En la matière, le virage pris en 1920 était considérable puisque jusque là, son seul bâtiment dédié était le Katsuriki, lancé en 1916. Elle convertit en 1920 les deux vieux croiseurs Russes capturés en 1905, au lieu de les ferrailler, mais pour un temps réduit. Par contre, elle construisit 13 petits vapeurs de 420 tonnes pour ce rôle de 1911 à 1920. Ils étaient toujours en service pendant la seconde guerre mondiale. ( voir plus loin ).
La prise de conscience de l'utilité de la pose de champs de mines est venue des pertes subies par les Japonais devant Port Arthur et durant sa campagne contre les Russes en 1905. Jusqu'ici, ses officiers et l'état-major impérial de la marine, formés aux idées Britanniques, considéraient cette arme avec dédain, la jugeant " déloyale ". De plus la pose de champs de mines était une pratique de défense, or le japon avait des visées expansionnistes. Cependant en 1923, à la suite du traité de Washington, l'empire ne reçut pas la parité tant attendue de la part de la Grande-Bretagne et des USA et, faute de posséder le nombre de bâtiments suffisants, frapper l'adversaire et réduire son potentiel par ces armes peu onéreuses devenait une solution pour rétablir ce déséquilibre en cas de conflit. C'est à peu de chose près ce que pensa l'état-major Hollandais en Extrême-Orient, soucieux de sa manifeste infériorité en face de la marine Japonaise.

Aussi le japon commença à produire des bâtiments dédiés, mais équipés également, justement pour répondre aux champs de mines Britanniques et Hollandais, pour draguer ces dernières.
Les plus anciens étaient ceux de la classe Natsushima ( 1911 ), mais elle alignait également un vieux croiseur cuirassé, le Tokiwa ( 1898 ), de 9200 tonnes, armé au départ avec 2 pièces de 203 mm, 8 de 152 mm, et 3 pièces de 76 mm et réarmé en 1940 avec 4 pièces de 152 mm, 1 de 76 mm, 2 de 40 et 32 de 25 mm AA, ainsi que des rails pour embarquer jusqu'à 300 mines, et 80 Deep-charges. Trop lent pour servir avec la flotte, il effectua surtout des mouillages de mines aux abords du Japon en 1944-45, en prévision d'un futur débarquement, et fut envoyé par le fond par des appareils de l'US Navy le 8 août 1945 à Ominato.

La marine Nippone disposait en 1941 de 25 mouilleurs de mines, et environ 12 entrèrent en service jusqu'en 1945. En fait leur rôle fut négligeable ( les grandes bases navales comme Truk et Rabaul furent attaquées par des avions ) et on cessa de les produire en 1944, tout en terminant les navires déjà entamés, tous étant reconvertis en escorteurs pour assurer la défense des convois Nippons dans le pacifique.

Shirataka ( 1929 )

Il fut construit à Ishikawajima à Tokyo, achevé en 1930 . Il servait à la fois de mouilleur de mines et de filets antitorpilles. Ces derniers pouvaient êtres déployés sur des passes naturelles devant des rades en opérations pour éviter les intrusions de sous-marines ennemis. En 1943, ce même péril des submersibles US paraissait bien plus important, et il fut converti en escorteur, ses rails rééquipés pour lancer 36 grenades. Il fut d'ailleurs coulé par un submersible Américain en août 1945.

Itsukushima ( 1929 )

Construit à Uraga, un autre chantier de Tokyo, ce bâtiment était très différent du Shirataka, pour la raison qu'il avait été très inspiré par le croiseur mouilleurs de mines Britannique HMS Adventure. Son originalité résidait dans ses moteurs diesels lui assurant une autonomie bien plus importante. Il était aussi équipé pour mouiller des filets. En 1944, on se décida à modifier son artillerie désuète, avec 3 pièces de 140 mm, 2 de 25 mm AA, et 6 mitrailleuses lourdes de 13,2 mm AA. Il était également alourdi, passant à 2330 tonnes en standard, et fut torpillé en octobre 1944 par un submersible Hollandais.

Kamome ( 1929 )

Le Kamome et le Tusbame étaient deux mouilleurs de mines et filets légers et plus économiques. Ils étaient prévus pour un usage côtier. En 1943, on les transforma en escorteurs en les dotant de grenades ASM ( 36 ). Le Kamome fut coulé en avril 1944 et le Tsubame en mars 1945.

Yaeyama ( 1931 )

Ressemblant superficiellement au Shirataka, mais sensiblement plus petit, ce bâtiment fut le premier navire Japonais entièrement soudé pendant sa construction. Il fut construit à Kure près de Yokohama, et avait également le rôle mixte de mouilleurs de mines et filets. En 1943, il reçut 36 grenades ASM et devint escorteur. Ce sont des appareils de l'aéronavale US qui le coulèrent en septembre 1944.

Nasami ( 1933 )

Construits entre 1932 et 1934, mis en service de 1934 à 1935, ces unités étaient en droite ligne dérivés des Kamome de 1929. Ils étaient mieux armés, recevant deux au lieu d'un seul canon de 76 mm, et marchaient au diesel. Le premier fut coulé en mars 1944 et le second, Natsushima, en février. Le Sarushima, très proche des deux autres, était cependant plus lourd, et fut modifié en escorteur en 1943, mais son sort est inconnu.

Okinoshima ( 1935 )

L'Okinoshima et le Tsugaru étaient deux petits croiseurs mouilleurs de mines. Mais leur armement était trop faible pour qu'ils soient classés comme croiseurs légers. Le premier, fut construit à Harima et délivré en 1936. Il était conçu dès le départ pour servir d'escorteur à grande autonomie. Le second fut achevé en 1941, quelques mois avant l'offensive sur Pearl Harbor. Le Tsugaru possédait également un hydravion, mais était plus léger et possédait un armement différent et emportait 100 mines de plus. Tous deux furent coulés par des submersibles US, en mai 1942 et juin 1944.

Sokuten ( 1938 )

Cette grande classe de mouilleurs de mines et de filets, fut aussi conçu dès le départ pour servir d'escorteurs. Elle comprendra 16 bâtiments, en trois sous-classe, Sokuten, Harashima et Ajiro. Ces derniers entrèrent en service pendant la guerre, le dernier étant opérationnel en 1944. Légers, ils se présentaient comme des versions agrandies des Nasami. En 1943, ils passèrent tous en cale sèche pour se voir adjoindre des ballasts renfermant du mazout et leurs rails furent modifiés pour accueillir 36 grenades ASM. Ils recevaient également en standard 6 canons de 25 mm AA au lieu de leurs mitrailleuses. Une vingtaine d'autres navires du même type étaient prévus mais ne furent même pas entamés. Tous ces bâtiments furent coulés au combat, sauf le Kyosai, le Hishikazi, le Saishu, le Niizaki et le Nuwashima. Ils furent démolis ou donnés en dommages de guerre aux USA ou à la Chine.

Hatsutaka ( 1939 )

Ces bâtiments à l'armement léger ( seulement 4 canons AA de 40 mm, copies des Bofors Anglais ), étaient assez grands et proches des Shirataka, Yaeyama. La classe comprenait le Hatsutaka, l'Aotaka et le Wakatake. Le dernier fut achevé au moment de Pearl Harbor, et verra encore du service jusqu'en 1956 au sein de la Royal Navy puis de la marine Malaise. Ils furent équipés en 1943 de 36 grenades ASM et convertis en escorteurs. Les deux autres furent coulés.

Kamishima ( 1945 )

Ces navires mixtes furent définis au programme de 1943 comme une classe de 9 bâtiments, inspirés des Sokuten mais très simplifiés pour une production de masse. En fait, l'état de l'industrie Nippone, puis les priorités accordées aux submersibles-suicides Koryu et Kaiten fit annuler la série et seuls deux furent achevés courant 1945, le Kamishima et l'Awashima. Faute de mazout, ils ne firent pratiquement aucune sortie opérationnelle et survécurent au conflit : L'un fut donné en dommages de guerre à l'URSS et l'autres ferraillé en 1947.