São Gabriel (1504)

Ce fut le navire-amiral le plus célèbre de Vasco da Gama.

Vasco da Gama naquit en 1468 à Sines. Il était le fils d'un noble de la région, Estevão da Gama, mais en tant que cadet, n'hérita ni du titre ni des terres, échues à son frère. Frustré, il dût choisir entre une carrière d'écclésiastique ou de militaire. Ce fut son dernier choix. Tenté par l'aventure, il fut très tôt au fait des choses de la mer. Officier, féroce guerrier avide d'un titre et de reconnaissance, marin confirmé, il participa à de nombeuses expéditions en Afrique et en méditerranée contre les Turcs. Sa jeunesse avait étée bercée des récits des voyages entrepris près d'un siècle auparavant par les premiers navigateurs des côtes Africaines sous l'impulsion de Henri le Navigateur. Des comproirs furent ainsi ouverts jusqu'en Guinée. Sous Jean II dit le Parfait, on tenta d'aller plus loin encore, l'objectif final étant de rejoindre les Indes ou le commerce des épices était des plus profitables. Une première expédition en 1482 permit à Diego Cão d'atteindre l'embouchure du Zaïre. Puis en 1486, il explorait les côtes de l'Angola. En 1487, Batholomeu Diaz parvenait atteindre le premier le cap de bonne-espérance, et à le doubler en 1488. Dès 1487, le Roi envoyait Pero da Covilhã par voie terrestre prendre contact avec des potentats Orientaux pour vérifier la validité de certaines informations, mais surtout d'tablir des relations diplomatiques et éventuellement une alliance avec le mystérieux "prêtre jean" ( Un souverain légendaire d'un Royaume Chrétien Oriental, allusion possible à l'Arménie ), qui aurait permis d'effectuer un contrepoids à l'est aux Ottomans. Mais l'émissaire du Roi, poussant en Abyssinie et en Inde, ne put ramemener que des informations sur la navigation sur les côtes Est-Africaines. Le Roi avait enendu parler du courage de Vasco da Gama et lui confia plusieurs missions. Mais l'histoire des expéditions s'arrêtait provisoirement. Jean II avait à faire face à une grave crise intérieure, notamment financière, et affrontait les ambitions Espagnoles. Il dût se résoudre à signer le traité de Tordesillas en 1494, partageant le monde entre deux sphères d'influences. Le Roi périt l'année suivante, peut-être empoisonné.

Son successeur, Manuel Ier, rétablit les privilèges associés aux titres de noblesse, et Paulo da Gama, le frère de Vasco, se vit confier le commandement d'une flotte d'exploration à destination, toujours, des Indes. Mais Paulo, souffrant, "passa la main" à son cadet, le recommandant au Roi. Vasco se retrouva ainsi en 1497 appointé par le Roi à la tête d'une petite flotille de trois naos. ( Ou caraques ): Il s'agissait du São Gabriel, son navire-amiral, du São Rafael commandé par son frère Paulo, tous deux de 90 tonneaux, du Bérrio de 50 tonneaux, commandé par Nicaulo Coelho, et enfin une vieille caravelle de 110 tonneaux chargée des vivres et d'eau, commandée par Gonçalo Nunes. La flotille appareilla de Bélem le 8 juillet 1497. Elle cingla d'abord en compagnie du vieux et célèbre bartholomeu Diaz, à la tête de sa propre expédition vers le comptoir de São Jorge da Mina sur la côte Ouest Africaine. Ralliant d'abord les Canaries, la flotille mit le cap sur les îles du cap-vert, pour se ravitailler et réparer les navires avant de reprendre la mer le 3 août, et rejoignirent le Golfe de Guinée. Bartholomeu quitta son compatriote en le saluant par une volée de canon à blanc, puis Da Gama reprit son périple en suivant le vent, qui le mena en pleine mer, au sud-ouest, avant que ce dernier ne changer de direction au sud et le ramène à l'est. 93 jours passèrent ainsi avant que la terre ne soit signalée. La température avait décru, le vent se faisait plus violent. Il fit relâche sur la côte, le 7 novembre, en un point nommé par Diaz, Santa Helena. Reprenant vers le Sud après s'être ravitaillée, l'expédition fut en vue du cap le 18 novembre. Mais à ce moment, le gros temps et le ciel menaçant donnèrent des frayeurs à l'équipage. Vasco constatait par lui-même que le surnom donné par Diza de "cap des tempêtes" n'était pas ususrpé. Les frêles caraques étaient balottées par les lames immenses, dont les crêtes s'abattant faisaient grincer sans répit leur membrures de chêne. On avait fermé les écoutilles, mais les marins sur le pont ne cessaient d'écoper.

Da Gama fit une série d'allers-retours entre la côte et le Sud, sortant de la tempête pour obtenir un répit, mais affrontant un vent contraire le repoussant vers l'ouest, et revenant au sud pour profiter des forts vents portants. Une vigie l'informait dès que la terre était en vue: Les navires reprenaient vers le sud. De cette manière pensait-il, on allait pouvoir franchir le cap. Si son équipage était épuisé et terrifié, sa résolution était inébranlable. Enfin, le 25, après 7 jours de navigation éprouvant, les vents de firent plus cléments et la terre signalée de nouveau. Le cap était enfin franchi. Il firent relâche dans la même crique où Diaz avait achevé son expédition des années auparavant, de ravitaillèrent et réparèrent leurs vaisseaux. Les dernières provisions étaient retirées du vieux navire-magasin commandé par Nunes et il était brûlé comme prévu. Le 7 décembre, Vasco da Gama repartait vers le Nord. En vue d'une côte le jour de Noël, il la baptisa Natal. Une tempête le rejeta le 11 janvier à la côte où il aborda sur la "terre des bonnes gens", baptisée ainsi suite à son accueil chaleureux par les autochtones. Le 23, il touchait terre à un endroit nommé la terre des "Bons Sinais" en référence au teint de peau moins sombre des habitants, signe d'un Orient qui se rapprochait. Ils furent là encore chaudement accueillis, les habitants les prenant pour des Turcs; Mais sur place Vasco de Gama ne trouva ni Chrétiens ni signes d'un quelconque "prêtre Jean". Qu'importe: La flotille reste sur place 32 jours, passés à réparer les navires et tenter de nouer des relations commerciales. Une bonne partie de l'équipage est épuisée et malade, et Paulo De Gama, apprécié des hommes, tente de tempérer les colères de son frère. Le dernier jour avant le départ, Vasco de Gama fait poser une borne en pierre arborant les armoiries Royales Portugaises, marquant son passage. Il fait voile le 24 février vers le Nord.

Le 2 Mars, il est en vue de l'île du Mozambique. Là encore son stratagème fonctionne. Lorsqu'il débarque, lui et ses hommes se déguisent et se font passer pour Turcs. Partout l'accueil est chaleureux. Partout aussi, les signes encourageants abondent: Ils croisent des boutres chargés d'or, de soieries, de pierreries et d'aromates. Le Sultan local accepte même de leur fournir deux pilotes pour joindre Calicut. Mais les marchands arabes présents, craignant pour leur monopole comercial, dénoncent la relle identité des Portugais. Aussitôt le Sultan change de comportement; Sentant le soufre, Vasco rejoint sa flotte sur deux chaloupes lorsqu'ils sont attaqués par six boutres armés. Paulo intervient alors avec le Bérrio, envoyant une volée à l'adresse des navires qui se replient sur la côte. Vasco da Gama, par représailles, fera bombarder la ville par ses trois vaisseaux. Puis ils reprennent leur route et le 7 mars, font escale à Mombasa. Flairant un piège, le marin Portugais préfère mouiller en dehors du port. Cela n'empêche pas ses hommes de débarquer et se ravitailler. des relations commerciales chaleureuses sont même entreprises. Finalement le Sultan accepte que la flottille mouille dans le port. Mais Vasco da Gama flaire un piège et ses navires repartent, sans ses deux pilotes qui ont sauté à la mer et nagé vers la côte dans un moment d'innatention. Le 15 avril, l'escadre fait relâche à Malindi, et le Sultan local se montre amical. Il réussit à endormir la vigilance du Portugais, et ce dernier libère les otages Maures capturés au Mozambique tandis que le Sultan accepte de leur fournir un pilote parlant le Portugais jusqu'à Calicut. L'escadre reprend la mer le 24, et le capitaine-major, qui pense impressionner le pilote, Malemo Canaca, lui montre un sextant. Ce dernier dévoila alors, à la grande surprise de Vasco da Gama, ce qu'il reconnait comme étant une "échelle de jacob" vieil instrument de mesure apporté jadis aux scientifiques arabes par les marchands juifs, et surtout une carte arabe fort détaillée sur toute la côte est-africaine et l'inde.

Le 20 mai, enfin, après avoir traversé rapidement aux vents portants l'océan indien, les Portugais jettent l'ancre dans le port de Calicut. Ils sont impressionnés par l'architecture splendide, les fontaines, les rues brillantes et les parcs. L'accueil, cependant est mitigé. Encore une fois, Vasco cherche des signes de Chrétienté et n'en trouve aucun. Une audience leur est accordée ar le Zamorin, le 28 mai. Le Capitaine-major brosse en Manuel Ier le portrait d'un souverain puissant et influent en Europe, et le Zamorin esquisse son désir de pourparlers en vue d'une alliance. Mais le jour suivant, les "présents" accordés par Vasco Da Gama au souverain local, qui s'apparentent à de la pâle marchandise pour indigènes, mécontentent ce dernier. De Gama se défend d'être un marchand, mais seulement un ambassadeur. Peu diplomate, il laisse la relation s'envenimer. Les soupçons du Zamorin, entretenus par les marchands arabes, arrivent au point qu'il défend le capitaine-major de regagner ses navires. Le voilà prisonnier au palais. Vasco réussit cependant à contacter un de ses hommes à l'extérieur et le charge d'un message pour son frère, lui demandant de lever l'ancre et de rejoindre le Portugal, et de revenir en force. Mais se dernier au contraire se rapproche de la côte et se prépare à bombarder la ville. Le landemain, le Zamorin accepte de liérer Gama, mais le ressentiment des Maures est palpables. Ces derniers l'encadrent lors de son retour sur les quais, et le capitaine-major, excédé, en est à tirer l'épée lorsque son frère intervient et entame une nouvelle relation commerciale. Les ressentiments s'apaisent et les affaires reprennent. Mais bientôt, le Zamorin changera une nouvelle fois d'avis et prendra en otage des marins du Sao Gabriel. Finalement, Vasco Da Gama quittera Calicut en emmenant également des otages. Il restera au large, préparant un éventuel retour, et finalement, le Zamorin relâchera les otages Portugais, en exigeant que Vasco fasse de même, et le voyage du retour put commencer le 29 août, avec cette fois des accords commerciaux et diplomatiques.

La première escale se fit sur l'île d'Anjediva, ou les forêts permirent de réparer les trois navires, mis à sec pour un carénage. Puis les Portugais reprirent la route en direction de Malindi. Malheureusement, le Sao Rafael fut victime d'une erreur de navigation et vint à être drossé sur la côte. Inutilisable, il fut évacué et brûlé. Puis l'escadre réduite au Bérrio et au Sao Gabriel reprit sa route, doubla le cap, rejoignit le golfe de Guinée, et se scinda en deux, Nicolau Coelho sur le Bérrio ayant pour tâche de ralier directement Lisbonne, tandis que Gama faisait route sur son autre caraque vers les îles du cap vert, pour rester auprés de son frère mourant. Son retour n'en fut pas moins triomphal, avec 55 hommes sur les 150 partis un an plus tôt. Manuel II le remercia de façon princière, lui accordant des titres et la ville de Sines, une allocation à vie pour ses descendants. Dom Vasco de Gama, Marié à une artistocrate, Catarina de Ataíde, prit le titre de comte de Vidigueira. En 1502, il fut fait "Amiral des mer Perses, Arabes, Indiennes, et de toutes les mers Orientales", et invités à prendre le commandement d'une nouvelle flotte d'expédition bien plus ambitieuse, composée de 20 caraques et Caravelles. Il s'agit cette fois d'ouvrir des comptoirs commerciaux permanents aux Indes. Il fait voile de Lisbonne le 10 février. Le 12 juin, il passe par Kilwa qu'il bombarde en apprenant les persécutions dont avait été victime Cabral peu avant. Le démons intérieurs de Vasco da Gama s'expriment alors au grand jour: L'amiral met le cap sur la mer rouge qu'il sillone et rançonne et coule tous les navires marchands arabes qu'il croise. Mais lorsqu'il croise la route d'un navire venant de Calicut, il commet le pire: Prenant en otage les enfants du bord pour en faire des chrétiens, il coule le navire avec le reste de son équipage, n'pargant pas les femmes, et fait pendre ensuite et couper les mains de ses autres prisonniers, afin de les exhiber en trophées au Zamorin. Arrivé à Calicut, il exige que ce dernier fasse expulser les marchands arabes de la ville. S'y refusant, ce dernier voit sa ville bombardée deux jour et deux nuits par la flotte du Portugais, que rien n'arrête. Se sentant en force, il fait signer des accords commerciaux favorable au Portugal dans les Royaumes de Cochin et Cananor où il établit des comptoirs, puis fait bâtir des forterresses sur la côte. Puis il repart au Portugal, les cales pleines d'épices d'Orient.

De retour au pays, Vasco profita de ses titres et de sa situation pendant une vingtaine d'années, avant que le nouveau Roi Jean III ne le convie à tenter une nouvelle expédition, avec le titre de Vice-roi des Indes. Il devait notamment rétablir l'autorité du Roi auprès des gouverneurs locaux, qui prenaient un peu trop de libertés. Le 9 avril 1524 son escadre quitta Lisbonne. Mais arrivé sur place, le vieux Dom Vasco da Gama ne put exercer son autorité de Vice-Roi que trois mois. Fatigué et malade, il décéda le 25 décembre 1524 à Cochin. On sculpta plus tard un gisant qui fut placé avec ses restes au monastère de Geronimos, au côté du poète des Lusiades, Luis de Camões, qui en fit pour des siècles un héros mythique.

 
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