Tierces marines Sud-Américaines (1914-18)

Avec le tableau complémentaire comprenant les marines Argentines, Brésliennes, Chiliennes et Péruviennes, on aura une vision d'ensemble d'un continent politiquement divisé par une histoire faite de guerres, de révolutions, de coups d'états et de remaniements de frontières intempestifs. Au sein de ce tableau de marines très modestes, une seule prend l'ascendant sur les autres: La marine Mexicaine, mais d'une courte tête. 5 de ces marines disposent au moins d'un croiseur. Aucune ou presque, neutralité et moyens maritimes obligent, ne prit une part dans les opérations navales de la grande guerre.

Almirante Grau en 1911

La marine Peruvienne:

Modeste, autant en 1914 qu'auparavant, surtout face aux géants que sont pour elle le Chili, le Brésil et l'Argentine, le Pérou à cependant une histoire navale assez riche. Ce fut l'un des premiers pays d'amérique du sud à faire usage d'un cuirassé, le Huascar. Mais la guerre du pacifique qui s'acheva en 1883 la laissait exsangue, sa marine détruite. En 1906, elle ne se composait alors que du croiseur Lima, de 1790 tonnes seulement et datant de 1881, ainsi que de la canonnière fluviale America, du vieux monitor côtier Atahualpa, et du voilier-écoe Apurimac. Un modeste plan de réarmement fut ordonné qui déboucha sur la commande en Grande-Bretagne de deux croiseurs légers, qui s'ajouteront aux deux submersibles construits en france de la classe Ferre. En 1912, la France fut aussi pressentie pour livrer son croiseur-cuirassé Dupuy de Lôme. Et bien que le bâtiment ait été oficiellement transféré sous le nom de Commandante Aguirre, et qu'un équipage Péuvien monta à bord et y dressa la marque nationale, le bâtiment ne quitta jamais la rade et fut finalement revendu à un armateur belge pour devenir un navire marchand. La mission navale française qui s'était installée au Péru réussit aussi à vendre le destroyer Rodriguez (ex-Actée).

Neutre au début de la guerre, le Pérou diligenta cependant ses croiseurs pour l'escorte de convois marchands. Un seul navire civil fut coulé en 1917, pour une flotte de 40 voiliers et 10 vapeurs, et cependant, en juin 1918, le Pérou déclara la guerre à l'Allemagne, mais sans pouvoir envoyer de bâtiments. Le commandement de la flotte était dévolu à un vice-amiral et la particularité de la livrée des navires péruviens était d'être marron-grisâtre.

3 Croiseurs: 2 classe Almirante Grau (1906), Lima (1881).
1 Destroyers: Rodriguez (ex-Français Actée ).
2 Submersibles: Classe Ferré (1912).
4 Divers: Monitor Atahualpa (1861), canonnière America (1904), canonnière Santa Rosa (1883).

La marine Colombienne:

Avec la perte de la région de panamà au profit des USA, mais aussi une crise économique endémique, le pays était la proie d'une importante instabilité politique. Cette dernière empêcha tout plan d'ampleur pour la marine, bien qu'une commande de 4 vedettes fut passée aux chantiers Yarrow pour les gardes-côtes en 1913. Les effectifs de la flotte en 1914 comprenaient un croiseur léger, l'Almirante Lezo, acquis de 1902, les trois canonnières de la classe Esperanza datant de 1896 et les Bolivar et General Pinzon encore plus anciennes (1870 et 1881). La Colombie resta neutre durant la guerre.

La marine du Costa Rica:

Modeste s'il en est, la marine Costaricienne ne possédait en 1914 qu'une unique vedette porte-torpille de 15 tonnes, construite à Yarrow en 1890. Le poids considérable des companies commerciales Américaines (bananes et café) fit que le pays resta neutre durant la guerre.

La marine Equatorienne:

Avec un pays en menace constante de guerre avec ses voisins pour des querelles de frontières, le gouvernement n'avait pas de politique navale ambitieuse et quelques bâtiments mineurs furent achetés, comme les deux avisos de 800 tonnes Papin et Inconstant datant de 1886, en 1900, puis la canonnière porte-torpilles Liberator Bolivar, acquise en 1907 de la marine Chilienne (ancien nom: Almirante Simpson). il y avait également un petit vapeur des gardes-côtes armé de mitrailleuses. L'Equateur rompit ses relations commerciales puis diplomatiques avec l'Allemagne en 1917.

La marine du Honduras:

Avec un territoire vaste bordé d'un côté par la mer des Caraïbes et de l'autre par le Pacifique, le Honduras avait des ébouchés commerciaux intérressants. Pourtant ce pays était une des chasses gardées des USA qui le contrôlaient économiquement et politiquement, n'hésitant pas à intervenir pour chasser ou soutenir un leader politique à l'aide de compagnies de marine, et s'arrangeant avec les vainqueurs Nicaraguaiens en 1907, qui avaient défait le général Amapala. En 1914, la très faible "flotte" locale consistait en un unique vapeur armé, le 22 februar, de 13 tonnes et datant de 1897. En 1919 cependant, on note deux acquisitions d'importance: La canonnière Tatumbla de 200 tonnes, et le garde-côte des douanes Mesurado.

La marine Mexicaine:

De loin la plus importante de ces "micro-flottes", la marine Mexicaine comprenait en 1914, un croiseur (datant de 1891), le Zaragosa, complètement reconstruit en 1910, les quatre canonnières des classes Independencia (1874) et Democrata (1875), le Plan de Guadalupe (1892), et les 2 classe Tampico (1902), et les 2 classe Nicholas Bravo (1903), ainsi que le Progreso (1907). Elle mettait également en oeuvre le transport armé General Guerrero (1908). La vie politique Mexicaine était stable du fait de la main de fer du dictateur Porfirio Diaz qui officiait depuis presque 40 ans. La vie économique profita de cette paix armée, jusqu'à ce qu'en 1911, une révolte et un coup d'état ne le chasse. Mais cette révolution dura presque jusqu'en 1920 et ne vit que des affrontements terrestres. La marine resta relativement neutre pendant cette période, neutralité garantie par un débarquement de marines à Vera Cruz en avril 1914. L'US Navy y fut d'ailleurs très présente pour sauvegarder les intérêts Américains.


Corvette Mexicaine Zaragosa (1891)

La marine Nicaraguaienne:

Pays possédant en 1914 une petite flotte commerciale de 2 vapeurs et 18 voiliers, le Nicaragua et ses 550 000 habitants possédaient une armée de 40 000 hommes en temps de guerre. C'est également avec sa flotte supérieure à celle du Honduras qu'elle gagna sa guerre contre ce dernier pays en 1907, débarquant sans encombre des troupes à Purto Cortes et la Ceiba bordant la mer des Caraïibes. En 1910, la canonnière USS Paducah débarqua des Marines qui, fidèles à la politique d'interventionnisme américain dans les affaires politiques des Etats ou ses intêréts économiques étaient importants, appuyèrent le coup d'état du général conservateur Estrada contre le président libéral Zelaya. D'autres troubles et une guerre civile en 1912 aboutirent à une présence militaire US en 1913. La flotte se composait en 1914 de la canonnière Momotombo de 400 tonnes et du transport armé Maximo Jeraz.

La marine Paraguayenne:

Ce pays enclavé et entouré de puissants voisins perdit la guerre de la triple alliance ( Guerre de Lopez ), un quart de sa population mâle périt et elle y perdit d'omportants territoires. Pour assurer la défense de son unique port et débouché maritime, elle disposait en 1914 d'un vapeur polyvalent armé, le Triumfo, des Constitucion et Independencia.

La marine de la République Dominicaine:

Voisine de Haiti sur l'île jadis nommée hispaniolia, la petite république Domonicaine pouvait compter sur trois canonnières, les Restauracion ( 1896 ), Independencia (1894) et presidente (1898). Elles furent rayées des listes en 1916, lorsque la guerre civile éclata. Une brigade de Marines intervint et occupa le pays jusqu'en 1923.

La marine Uruguayenne:

Voisine de la puissante Argentine, l'Uruguay avait l'une des plus puissantes marines parmi ces tierces-nations. Elle pouvait compter sur un croiseur, le Montevideo, ex-Dogali acheté aux italiens en 1908. Elle possédait également les canonnières Uruguay ( 1910 ), 18 de Julio ( 1909 ), le transport armé General Flores, et la vieille canonnière à roues à aubes Rio Branco, ainsi que le navire-école General Suarez ( 1887 ). D'abord neutre, l'Uruguay déclara la guerre à la triple alliance en novembre 1918 après avoir perdu trois navires de commerce du fait des U-bootes. Elle en profita pour mettre la main sur 8 vapeurs Allemands qui vinrent grossir sa flotte de commerce.

La marine Vénézuelienne:

Mise en difficulté pour un refus de régler ses dettes de commerce avec l'étranger, ce pays se vit saisir par la marine Allemande l'une de ses canonnières, le Restaurador, qui lui fut rendu après trois mois d'internement. Elle disposait en 1914 des canonnières Bolivar, Miranda et Jose Felix Ribas, en sus de celle déjà mentionnée. Tous ces bâtiments étaient anciens ( de 1884 à 1895 ), et s'ajoutaient à la puisante canonnière ex-Américaine ex-Espagnole Isla de Cuba, acquise en 1912, renommée et réarmée sous le nom de Mariscal Sucre. La flotte de commerce du Vénézuéla comprenait 19 navires. Elle ne subit pas de pertes et resta neutre pendant la guerre.