La Marine Soviétique en 1990

Voyenno-morskoy flot SSSR 1960-1990

Introduction

La flotte soviétique connaît un véritable bouleversement à partir de 1960. A cette date, comme pour les USA, la marine "classique" cède le pas à des unités lance-missiles beaucoup plus coûteuses. L'union soviétique se dote alors d'une formidable fotte de haute mer, part importante de sa grande puissance militaire durant la guerre froide. La transistion est très concrête: En effet, ses premiers sous-marins à propulsion nucléaire, les "November", entrent en fonction en 1960-64. Les croiseurs lance-missiles de la classe Kynda en 1962-64, les destroyers lance-missiles Krupny en 1960-61, les premiers SNLE (Hotel et Golf) en 1960-64 et les premiers SNA lance-missiles (Echo) en 1960-63...

Panorama de la flotte en 1990

Après la décennie post-1945, incluant un conflit de conception au plus haut du commandement de la flotte, entre Staline et l'amiral Kusnetsov. Ce dernier était partisan d'une flotte moderne et mesurée destinée à lutter contre l'US Navy et aider (plus tard) à s'interposer entre les forces contre-révolutionnaires (soutenues par les occidentaux) et les nouvelles démocraties populaires nées de la décolonisation. Staline de son côté en était surtout resté aux principes de la guerre navale des années 30, avec une primauté absolue accordée au cuirassé, afin de rechercher le "choc décisif" en haute mer. Il n'entendait rien au nouveau rôle du porte-avions et ne lui accordait qu'une utilité réduite, ni non plus aux nouveaux développements nés des travaux des ingénieurs Allemands, concernant les missiles et les sous-marins à Schnorchel. Après sa mort en 1954, Kusnetsov allait avoir les mains libres pour développer son plan de modernisation de la marine Russe. Les premiers résultats n'apparaîtront qu'en 1960. A partie de cette date, Kusnetsov et ses successeurs n'auront de cesse de déployer un arsenal toujours plus impressionnant de navires lance-missiles afin de contrer l'Us Navy et particulièrement destinés à frapper ses porte-avions, mais aussi à assurer la défense de ses SNLE, garantissant sa dissuasion.

La marine soviétique va développer ses efforts dans le domaine de la lutte antinavire à distance, axant résolument sa stratégie sur les missiles à longue portée, concevant des sous-marins dans ce but, ainsi que ses unités de surface. De plus, la spécialisation des unités était patente, contrairement aux américains. Ainsi, les quatre Kynda sont délibérément conçus pour couler les porte-avions américains, de même que les SNA des classes Echo, et leurs successeurs Charlie et Oscar. Ils vont donc concevoir des générations de missiles antinavires à longue portée et lourde charge (nucléaire). Ils vont aussi concevoir des unités individuellement remarquables, comme les SNLE de la classe 'Typhoon', les plus grands sous-marins jamais construits (plus de 25 000 tonnes en plongée), les plus grands SNA (Oscar II, 16 000 tonnes), les plus rapides (Alfa, 45 noeuds), les plus grands croiseurs lance-missiles de tous les temps (Kirov, 250 mètres et 30 000 tonnes) ainsi que d'inclassables hybrides, porte avions (Kiev) et porte-hélicoptères (Moskva). Elle devra attendre la fin de son règne sans partage sur un cinquième du globe, en 1991, pour disposer de son premier vrai porte-avions. C'est maintenant Vladimir Poutine et la marine Russe qui bénéficient de formidables "jouets" développés pendant l'ère soviétique.

Cette flotte de haute mer se compléta également d'une flotte amphibie, qui, si elle reste largement en deçà des moyens américains, sont tout de même la seconde force de ce type au monde, avec notamment l'emploi de navires inhabituels comme des hovercrafts, dont les énormes Pomornik. Enfin, leur force navale "côtière" va rester très offensive grâce à une collection de vedettes lance-missiles exportées avec succès (classe Osa I et II), et d'importants effectifs d'hydroptères de combat, type de navire qu'ils seront les seuls à développer de cette façon avec les Chinois, héritages de concepts de défense côtière nés avant-guerre. D'autres solutions d'avant-garde sont concernées comme les avions à effet de sol (Ekranoplanes).

Enfin, leur aviation navale pourra compter dans ses rangs d'excellents bombardiers, comme les robustes TU-142 "Bear" à turbopropulseurs à hélices contrarotatives, équivalents des Convair Peacemeaker en leur temps, ou encore les "Badger", "Blinder" bisoniques, ainsi que les remarquables "Backfire" à ailes à géométrie variable.

Petit bréviaire des sous-mariniers russes (à en perdre son cyrillique):
  • SNA: sous-marin nucléaire d'attaque
  • SA: sous-marin d'attaque (diesels-électrique)
  • SLE: sous-marin lanceur d'engins (diesel-électrique)
  • SNLE: sous-marin nucléaire lanceur d'engins balistiques
  • SNALE: sous-marin nucléaire d'attaque lanceur d'engins
  • SALE: sous-marins d'attaque (diesels-électrique) lanceurs d'engins
  • SS: sous-marin spécial (sauvetage, auxiliaire, expérimental)
  • 7 Porte-aéronefs:

    Les plus puissantes unités de la flotte soviétique furent d'étranges hybrides ne méritant pas vraiment le nom de "porte-avions", renvoyant plutôt aux expérimentations des années 1917-1922, avec les premiers navires de ce type aménagés à partir de croiseurs de bataille et autres cuirassés. Ils ne sont en tout cas, avant le Kusnetsov et le Varyag, pas comparables aux énormes porte-avions US.

    Croiseurs porte-hélicoptères classe Kiev

    Il s'agit des deux porte-hélicoptères Moskva (1965 et 1968), à l'avant de croiseur, et des quatre Kiev (1972-82), qui sont des croiseurs ASM sur leur pont avant, et des porte-avions ensuite, avec des superstructures de croiseur décalées sur le bord. Tous les six étaient en service en 1990. A cette date, le porte-avions Admiral Kuznetzov, lancé en décembre 1985, était sur le point de commencer ses essais en janvier 1991. Il s'agit du premier "pur" navire de ce type construit en URSS, doté d'appareils de combat aux capacités militaires égales à celle des forces embarquées de l'US Navy. En effet, les unités de la classe Kiev n'étaient pas capable d'opérer d'autre types d'appareils que des VSTOL (ADAC) Yak-38 Forger, médiocres copies des Harriers Britanniques et AV8 Américains. Le second porte-avions de la classe, le Varyag, est resté inachevé, ne lui manquait en effet que l'électronique, les capteurs et l'armement embarqué. Fin 1991, le gouvernement Russe déclara qu'il ne pouvait plus débloquer les 522 millions de dollars nécéssaires à son achèvement, et il fut transféré à l'Ukraine en attente d'un rachat, et à défaut de celui-ci, d'être envoyé à la casse. On parle aussi de nouveaux porte-avions de grande taille, style Nimitz, les Ulyanovsk (Projet Orel d'un porte-avions de 80 000 tonnes équipés de catapultes et abandonné en 1975). Ces bâtiments devraient atteindre 280 mètres au niveau du pont d'envol. la première unité fut mise sur cale en 1988, et la construction s'arrêta brusquement en 1991 à la suite du coup d'état. La coque a été démolie ensuite.

    59 Croiseurs

    Il n'y a pas de chapitre "navires de ligne" contrairement aux USA, lesquels ont conservé pieusement leurs quatre vétérans de la dernière guerre, les cuirassés de la classe Iowa, mais quelques unités de la flotte Russe mériteraient d'y figurer: Ce sont les Kirov, d'un tonnage hors-catégorie pour de simples croiseurs lance-missiles. (voir plus loin). Les premiers croiseurs lance-missiles, dont le potentiel repose donc principalement sur ces vecteurs et non de l'artillerie, furent les Kynda. Ces quatre bâtiments pourvus de deux rampes mobiles en affût de très puisants missiles antinavires (8 prêts au lancement et 8 en réserve) et furent de toute évidence conçus en réponse aux task-force de porte-avions US. Il est vrai qu'à l' époque, les moyens de détection et de destruction d'un missile en plein vol était encore une affaire délicate. Par la suite, ce sont les quatre de la classe Kresta I qui suivirent en 1965-67, avec un armement antiaérien plus conséquent (2 SA-N 1). Les dix Kresta II (1968-76) furent redéfinis en cours de construction comme croiseurs ASM. Les 7 Kara (1969-76) étaient un bon compromis, alliant capacités ASM, antinavires et antiaériennes. Enfin, les 4 Kirov (le premier lancé en 1977, les autres en 1981, 86, et 89, étaient non seulement des monstres dans leur catégorie,(justifiant le retour en service actif des quatre Iowa gardés en réserve, dûment modernisés pour la cause), mais ils inauguraient également une propulsion nucléaire, rare pour ce type de bâtiments de surface, mais aux avantages conséquents, un hybride composé de chaudières à haute pression et deux réacteurs. Ils répondaient également au USS Long Beach de 1962 avec quelques années de retard. Le séisme qu'il provoquèrent tombait de plus dans la période de "refroidissement" des relations entre les deux grands, l'ère Reagan.

    Croiseurs porte-hélicoptères classe Moskva

    Les derniers croiseurs furent ceux de la classe Sovremenny (une série que certains classent comme "destroyers", mais qui officiellement étaient les successeurs des "Kresta"), construits en une longue série commencée en 1976 et qui se termine en 1998 avec la réception du dernier des 19 navires de ce type (12 en 1990). A côté, on construisit également les "Udaloy" (1980), navires censés remplacer les Kara mais conçus pour répondre aux "Spruance" américains. Il y eut une série de 14 navires, le dernier étant réceptionné en 1996 (11 en 1990). A côté est apparu le successeur désigné des Kynda, les imposants Slava. Ces navires récents (1979-90), se reconnaissent par leurs rampes fixes de SS-N 12 (4 doubles par bord), et possèdent en outre des silos de missiles antiaériens, comme pour les Kirov. Des quatre unités construites, trois étaient en service en 1990. 2 sont allés à l'Ukraine en 1990 et 1995. Quand aux croiseurs conventionnels de la classe Sverdlov, 4 étaient en service, dont deux convertis en lance-missiles hybrides, le Zhdanov et le Senyavin, les deux autres servant de navires-école.

    31 Destroyers

    La disproportion du nombre de destroyers en service par rapport aux croiseurs saute aux yeux. Cependant, par le jeu des dénominations officielles de la marine Russe, pour Kreiser (Croiseur), elles sont authentiques. Ceci dit, il y eut en effet seulement deux classes de destroyers à partir de 1960, les Krupny (8 unités), 1960-61, et les Kashin (19). Ces derniers seront construits et lancés de 1963 à 1972. Toutes ces unités reçurent des armements supplémentaires, dont des missiles antinavires en rampes latérales, une piste pour hélicoptère et des canons antimissiles à tir rapide supplémentaires. Tous n'étaient pas en service en 1990, seulement 4 Krupny, et 17 Kashin. C'est un fait qu'aucun destroyer ne fut construit depuis, alors même qu'arrivaient les croiseurs des classes Udaloy et Sovremenny qui ont en quelque sorte pris la place. Il y avait également en service quelques unités de la classe Kotlin modifiée, en unités ASM ou antiaériennes, recevant divers types de missiles et parfois des pistes pour hélicoptères. Il s'agissait de 4 unités, ainsi que deux autres de la sous-classe Kildin. Tous les destroyers classiques de la série Skoryi des années 50 avait étée largement exportée et les restants désarmés dans les années 70-80.


    Cruisers classe Sovremenny

    186 Frégates

    La première classe de frégates suivant les Riga fut les Petya. Les effectifs se montèrent à 16 Petya I, 27 Petya II, soit en tout 43 unités, les Petya III étant une version d'exportation (17), mais deux servaient sous pavillon soviétique pour l'entraînement. Des Petya II seront plus tard exportés. 8 Petya I, 20 Petya II et les deux Petya III étaient actifs en 1990. la classe suivante Mirka compta 18 unités, construites entre 1964 et 1966, avec des capacités ASM supérieures. 13 en service en 1990. Mais les frégates soviétiques les plus redoutables sont celles de la classe Krivak, d'une série entamée en 1971 et terminée en 1991 avec 34 unités. Bien plus imposantes que les précédentes, avec le triple de déplacement, et une polyvalence améliorée, ces unités se scindaient en trois sous-classes, Krivak I à III, et toutes étaient en service en 1990. En parallèle, les frégates de la classe Grisha étaient les remplaçantes des corvettes ASM de la classe Poti, avec une production de masse de 97 navires, construits entre 1968 et 1982 (5 sous-classes). Enfin, les soviétiques mirent en service en 1986-90, 12 "Parchim", frégates construites en RDA. Les chantiers Russes construisirent également celles de la classe Koni pour l'exportation, très proche des Grisha, mais simplifiés.


    Frégates class Krivak

    268 Sous-marins

    La flotte soviétique disposait déjà de la première flotte de submersibles au monde en 1960. Elle allait mettre en chantier ses premiers SNA (attaque, nucléaires), et SNLE(stratégiques) rapidement afin de constituer la première flotte de sous-marins nucléaire au monde, avec un potentiel de frappe à la mesure des grandes task-force de porte-avions américains. Il s'agit d'abord des SNA classe November, construits entre 1959 et 1963. Il s'agissait de 15 unités, les premières propulsées par cette énergie, et qui "essuyèrent les plâtres" en la matière, défrichant le terrain pour les unités suivantes. Cette classe eut un taux de perte élevé: Avant 1990, 5 unités avaient eu de sévères avaries de réacteurs, dont 4 furent perdus. de 8 à 10 devaient encore être en service actif. Peu de temps après la sortie des November, les Echo, des SNA lance-missiles entrèrent en service avec un réacteur moins performant mais aussi moins complexe. Ces six premières unités se singularisaient par leurs rampes latérales. Ces dernières furent enlevées et ces navires servirent par la suite de SNA purs. Après accidents, il n'en restaient que 3 en 1990. Les Echo II, au nombre de 29 (1962-66), plus grands, conservèrent ses missiles, et 17 restaient en service en 1990. Il y eut quatre pertes suite à des avaries de réacteur.

    Les premiers sous-marins stratégiques seront à propulsion classique: Il s'agissait des 24 "Golf", basés sur la coque des "Foxtrot", et qui étaient assez fiables pour servir à tester les premiers missiles balistiques en silos montés dans le kiosque, une originalité Russe. Ils seront suivis par les 8 "Hotel", les premiers véritables SNLE établis sur la coque modifiée des November et portant trois silos de kiosque. Du fait des accords de désarmement SALT I, ils étaient inactivés dans ce rôle en 1990. Ce sont en fait les "Yankee" qui reprenaient le flambeau. Ces unités sont comparables à ce qui se faisait à l'ouest, avec 16 silos montés dans la coque. leur réacteur étit également plus fiable. 34 unités seront lancées entre 1966 et 1972. Suit aux même accords de désarmement bilatéraux, ils furent pour partie inactivés, de sorte qu'en 1990, seules 12 unités étaient conservées dans ce rôle, les autres placées en réserve ou affectés à d'autres rôles. La classe Delta qui succédait à cette série sera déclinée en quatre classes supplémentaires entre 1972 et 1992. Les Delta I, II et III variaient peu en dimensions, au contraire des derniers Delta IV (1985-92) les plus grands de tous. Le Typhoon, sorti en 1980, inaugurait un peu plus tôt une nouvelle série capable d'emporter 20 missiles intercontinentaux SSN-20 à ogives multiples (jusqu'à 20), mais aussi de pouvoir rester caché sous les glaces polaires pendant plus d'un an avant de frapper.

    Les sous-marins classiques soviétiques ne sont pas en reste, puisque furent construits les unités de la classe Foxtrot, grandes unités océaniques construites entre 1961 et 1981, en une vaste classe de 62 navires et 12 de plus pour l'exportation. Tous étaient naturellement en service en 1990, de même que les 19 "Romeo", encore plus modernes (1972-81). Leurs successeurs sont les "Kilo", 25 unités lancées avant 1990, certaines exportées. Il est à noter que les Russes expérimentèrent aussi des sous-marins d'attaque classiques lanceurs de missiles antinavires, les "Juliett", et leurs quatre rampes latérales identiques à celles des "Echo". les 16 unités furent lancées entre 1960 et 1968, 12 unités restant en service en 1990.


    Sous-marins d'attaque lanceurs d'engins antinavires class Charlie

    des SNA lanceurs de missiles continuèrent à être développés, il s'agissait des "Charlie", censés succéder aux Echo. les Charlie I (1968-73, 12 unités) furent suivis des Charlie II (1973-80, 6 unités), armés de missiles antinavires en silos. Le prototype 'Papa' (1969) annonçait les Oscar de la génération suivante. Ces derniers seront les plus puissants SNA en service dans le monde. Forts de leurs 15 à 16 000 tonnes en plongée, de leurs 24 missiles en rampes latérales quadruples, ils possèdent une largeur peu commune (18,2 m) pour des sous-marins de cette catégorie. Les 2 de la classe Oscar I (1980-82) furent suivis par les 8 Oscar II (1987-93). le Kursk, de la classe Oscar II, se rendit tristement célèbre par son tragique et récent naufrage. Après les November, peu fiables, on développa les "Victor", censés les remplacer à partir de 1967. Il y eut 15 Victor I, 7 Victor II et 26 Victor III, ces derniers entrant en service entre 1978 et 1992. Ces SNA "classiques" furent épaulés par les"Alfa", expérimentaux et très rapides, 7 navires construits entre 1972 et 1983. Les "Sierra", revinrent à des réacteurs plus classiques, mais annonçaient la future génération faisant la part belle à la chasse aux bruits de cavitation. Les Sierra furent au nombre de 2, construits entre 1984 et 1990. Ils annonçaient la nouvelle génération de SNA Russes, actuellement les derniers, la série "Akula". 16 unités sont actuellement en service, 8 en 1990, de même que les prototypes "Mike" et "Severodvinsk". D'autres unités affectés à des recherches furent lancés, prototypes uniques comme le Beluga, le Lima, les AS12, Paltus, X-Ray, et des séries comme les deux Uniform, les deux India et les quatre Bravo.

    171 Corvettes

    ces unités classées en dessous des frégates, utilisées pour l'escorte, la chasse aux sous-marins et des tâches subsidiaires, il s'agissait d'abord des navires de la classe Poti, 68 unités construites entre 1961 et 1968, dont 63 étaient en service en 1990. Très rapides, ces navires étaient les premiers à disposer d'une turbine à gaz. Ils seront épaulés par la classe Nanuchka, avec des traits caractéristiques très trapus de grosse vedette, et encore très bien armés. Ces 35 unités(1975-81) étaient en service en 1990 en quatre sous-classes (dont une d'export non comptabilisée et un ne comptant qu'un bâtiment). Les Tarantul qui suivaient étaient du même modèle, et furent construits entre 1981 et 1993 à hauteur de 65 Tarentul I et 23 Tarentul II, mais seuls les derniers étaient intégrés à la flotte, les autres étant réservés à l'export. Deux Tarentul I servaient cependant pour l'entraînement. En 1990, il y avait donc 25 Tarentul en service. Les corvettes de la classe Pauk, construites sur la même coque agrandie, servaient de patrouilleurs ASM. 45 furent construits de 1978 à 1983. 8 furent ultérieurement transférés aux pays amis, mais 43 étaient disponibles en 1990. Dans le même style, on construisit 35 patrouilleurs ASM pour les gardes-côtes, maniés par des hommes du KGB, les "Svetlyak", de 1989 à 1995, mais il semble que la série à continué. Environ 3 ou 4 étaient terminés en 1990. Les "Dergach", sont de grandes corvettes lance-missiles, dont la première unité date de 1987 et l'autre de 1991.

    VLM classe Komar (1962)

    326 Vedettes et hydroptères

    En la matière, il est incontestable que l'URSS à constitué une des forces navales les plus agressives, à l'image des flottes de S-Boote allemands. Cela commença avec les Komar, 112 unités datant des années 60 étaient les premières unités du genre au monde. 35 étaient en service en 1990. Les Chinois en construisirent 50 sous licence et 85 dérivés (classe Hoku), de même que les Nord-coréens (classe So Hung), les Egyptiens (classe 6 October). Leurs successeurs, les vedettes de la classe Osa, étaient plus grandes et emportaient quatre missiles au lieu de 2. Au grand total on en construisit 289 entre 1960 et 1970. Ce modèle connut un grand succés à l'export, les Chinois le construisant sous licence (Huangfen) ainsi que les Nord-Coréens (Soju). Suite à de nombreux transferts, les Osa I et II restant en service en 1990 étaient 46. Une version ASM modifiée, la classe Stenka, apparut peu après, construite à raison de 114 navires entre 1967 et 1971, dont 7 furent transférés à Cuba et au Kamputchéa en 1985. En 1990, 107 en service, utilisés comme garde-côtes. Une variante hydroptère des Osa fut construite expérimentalement, la classe Slepen (2 unités, 1970 et 1975). Il y eut aussi la classe de vedettes lance-torpilles Shershen, avec 123 unités qui verront le jour entre 1967 et 1970, et dont la majeure partie fut ensuite transférée aux pays amis.
    42 en service en 1990. Les "Mol" était une version simplifiée des Shershen, pour l'exportation, 36 exemplaires construits et un seul conservé pour l'entraînement sous pavillon Russe en mer noire. Les hydroptères déployés par la marine soviétiques étaient dérivés des "Osa", il s'agisait de la classe Turya, armée de canons (30 unités, 1972-76), mais après transferts, 10 en service sous pavillon Russe. La variante armée de missiles s'appelait Matka, et fut produite à raison de 16 navires entre 1977 et 1983, tous en service en 1990. Il y eut aussi les hydroptères garde-côtes de la classe Pchela (18 unités, 1964-65) utilisés par le KGB, et trois autres plus ou moins expérimentaux, l'unique "Babochka" et les deux "Mukha" spécialisés dans la lutte ASM. Le Sarancha (1977) était un autre prototype doté d'un missile en silo, trop lourd et complexe à produire en série. Les Muravey seront 16 unités (1983-89) d'hydroptères garde-côtes utilisés par le KGB, ce seront les derniers de ce type.

    Vedettes lance-missiles OSA

    182 Patrouilleurs et monitors

    Pour prendre la suite des gros Kronstadt datant de 1948, et retirés du service avant 1990, les Russes mirent en chantier entre 1956 et 1966 124 patrouilleurs plus petits, la classe SOI, dont moins de 35 se trouvaient encore en fonction en 1982. Ils furent retirés du service avant 1990. Le KGB reçut également 34 petits patrouilleurs côtiers "Poluchat" en 1955-56, mais ils furent tous transférés au pays amis et les autres retirés du service avant 1990. Les Zhuk étaient encore plus petits (50 tonnes) et remplaçant les premiers, furent construits de 1971 à 1986 à raison de 85 exemplaires, dont 7 étaient après transferts en opérations sous les couleurs Russes en 1990. Les soviétiques opérèrent également nombre de canonnières fluviales, d'abord les BK 166 (1947-52, 119 unités, tous réformés), ensuite les Shmel, des monitors fluviaux (119 unités de 1967 à 1974), en service en 1990; les "Yaz" (21, 1978-90) du même genre, les Vosh, également monitors fluviaux (1980-84, 7 unités), les patrouilleurs Piyavka (8 unités dérivées sur coque des Vosh), et 20 vedettes légères Sagyak (1986).

    203 Dragueurs de mines

    Il s'agit d'abord de la classe T58, directement issus des T43, très inspirés des dragueurs Allemands, dont 78 virent le jour avant 1962. Ils ont étés par la suite convertis à d'autres rôles. les Yurka qui ont suivi en 1962-69 (41 navires) et Natya (1963-67, 45 navires), du même type. 22 ont étés transférés, il semble qu'il y ait eu donc 64 navires en service en 1990, par la suite réformés à partir de 1994. Les Gorya, beaucoup plus grands, sont 2 chasseurs de mines (1987), Il y eut également la série de dragueurs de moines côtiers Sasha (37 exemplaires de 1960 à 1968, mais dont il est douteux que plus d'une dizaine soient encore en service en 1990; Chiffres officiels: deux en service en 1992.); mais aussi les Vanya (47 unités 1960-73), environ 40 en service en 1990. On construisit également trois Zhenya en 1969, 72 Sonya (1971-91), et 45 Yevgenya (1967-76), dragueurs légers, succédant aux séries TR40 (55 navires construits en Pologne en 1956-58, rayés des listes, et 130 K8 en 1954-59, du même constructeur). La série des yevgenya continua après 1976, mais seulement pour l'exportation. 58 Sonya et 10 Yevgenya en service en 1990, épaulés par 5 Olya (1975). On construisit également deux prototypes Andryusha en 1975, et 10 Ilyusha de série en 1966. Enfin, les effectifs comptaient les trois mouilleurs de mines de la classe Alesha (1967).

    Ivan Rogov, navire d'assaut lourd Soviétique

    249 Flotte amphibie

    C'est la seconde au monde, devant celle de la Royal Navy. Il faut noter que la présence de deux porte-hélicoptères Moskva et des quatre Kiev sont autant de plates-formes d'assaut potentielles lourdement défendues. L'URSS se dota de péniches de débarquement, la série MP2, MP4, MP6, MP8 (23, 10, 8 et 19 unités 1956-62). Ces navires ont étés retirés du service avant 1990. La classe MP10 compta environ 40 unités (chiffres inconnus), construits en 1959-62, tous retirés du service avant 1982. Ils étaient rejoints pa la version améliorée SMB-1 (1960-63), une trentaine construits et 15 en service en 1990. Les Vydra de 1967-69 ont étés 56, construits en RDA. Beaucoup ont étés revendus, 9 étaient en service en 1990. Équivalents des LCU américains de la dernière guerre (landing craft utilities), Ils ont étés remplacés par des hovercrafts. De petites unités de débarquement (LCI) ont ont été construites en masse dans les années 1954-73: Il s'agit de plusieurs centaines de "T4", tous transférés et les derniers retirés du service avant 1990. Les derniers de la seconde série (85 unités) virent 10 des leurs encore maintenus d'active sur les listes de la flotte en 1990. Les "Ondatra" étaient leur version de remplacement, mais il n'en fut produit que 49, de 1979 à 1983. 40 en service en 1990.

    Le gros de la force de débarquement est composée de bâtiments de la classe Polocny, moyens (770-1150 tonnes, de 180 à 250 tonnes de fret militaire). 51 navires construits en pologne en 1961-73, 19 transférés aux pays amis dans les années 70-80. 30 en service en 1990. Ils sont lourdement armés. Les grands LST modernes sont les "Ropucha" (3200 tonnes), également construits en Pologne, à Gdansk. Lourdement armés, capacité 450 tonnes de fret, matériel et troupes (230 hommes). Mais ils n'arrivent qu'à 75% des grands LST américains contemporains. 28 unités construites de 1970 à 1978, dont trois Ropucha II, 25 en service en 1990.

    Les premiers LST construits en URSS (Kaliningrad), sont les "Alligators". Ces grands navires (4700 tonnes), armés de missiles, lance-roquettes et de DCA, seront lancés entre 1962 et 1967 à raison de 13 unités, capables d'embarquer 25 à 30 blindés, ou 1500 tonnes de matériels. Ils étaient en service en 1990, mais rayés de listes depuis. Les plus grands navires de débarquement da la flotte soviétiques sont les fameux Ivan Rogov (3 navires, lancés en 1978, 82, 89), jaugeant 13 000 tonnes à pleine charge. Ils sont également en service en 1990. Ils embarquent un bataillon complet avec 10 chars T72 et 30 véhicules légers, et peuvent mettre en action 4 hélicoptères d'assault (Mi-8 ou/et Mi-24) bien que leur dotation normale soit de 4 Ka-25 Hormone ou Ka-32 Helix pour la patrouille ASM, et deux hovercrafts de la classe Lebed.

    L'une des originalités de la flotte amphibie soviétique est sont emploi de nombreux hovercrafts d'assault. Ces navires ont deux avantages certains par rapports à leurs équivalents classiques, péniches ou chalands: Ils sont très rapides (55-75 noeuds), capables d'aborder profondément la terre ferme, mais en revanche ont l'énorme inconvénient d'une consommation record, et donc d'une autonomie limitée. Il en existe 2 classes de grosses unités autonomes, les Aist (19 navires-1970-85), et Pomornik (13 navires- 1987-90). Tous sont en service en 1990. Plus petits, les hovercrafts embarqués sont de 5 classes différentes, les "Gus", "Lebed", "Pelikan", "Tsaplya", et "Utenok" (40, 20, 3, 8, 2). Les Pelikan sont des Lebed spécialisés dans les contre-mesures électroniques, les Tsaplya sont des hovercrafts fluviaux. Tous sauf deux 'Gus' étaient en service en 1990.
    Sputnik News - Lebed
    Lebed - AIST Classe - Profil

    L'autre originalité de la flotte soviétique était son emploi d'engins à effet de sol, les fameux "ekranoplanes" dont le prototype fut l'énorme Spasatel, le "monstre de la caspienne", tel que l'on surnommé les services de l'OTAN. Trois protoypes furent construits pour évaluer les possibilités de ces appareils (voir fiche). Les seules classes opérationnelles étaient celle des "Lun" (3 unités, lance-missiles antinavires), et des Orlan (5 unités, pour le débarquement). Ces navires ont étés retirés du service après 1990 du fait de leurs problèmes récurrents de corrosion (l'eau de mer est redoutable pour la structure de ces hybrides, plus proche d'avions que de navires), et de défaut de rayon d'action trop faible, ainsi que de capacité d'emport limitée.

    L'aéronavale soviétique

    Elle comptait plusieurs centaines d'appareils, dont des bombardiers à long rayon d'action modernes, comme les Tu-22 "Backfire". Il y avait les chasseurs-bombardiers embarqués Sukhoi Su-27K et Su-33 "Flanker" (25 appareils), jamais pleinement opérationnels sur le Kuznetsov; 60 bombardiers d'assaut embarqués Su-25 "Frogfoot" (idem), 65 bombardiers navals moyens Su-24 'fencer-D', 30 bombardiers moyens Tupolev Tu-16 'Badger' (approchant de la retraite), 20 bombardier lourds Tu-22 'Blinder' supersoniques, 130 Tu-22M 'Backfire', 75 Tu-95/142 "Bear", à turbopropulseurs, équivalents des B-52 mais spécialisés dans la lutte ASM et antinavire, 80 hydravions Beriev Be-12 "mail" (lutte ASM, reconnaissance et sauvetage), 45 patrouilleurs ASM Lliouchine LL-38 "May", ainsi que des hélicoptères embarqués, 65 Kamov Ka-25 Hormone, 170 Ka-27/32 "Helix" qui les ont progressivement remplacés, ainsi que 105 Mil Mi-14 Haze A/B.

    L'Ekranoplane "Kaspian Monster" img. Wiki licence GNU
    La Flotte Soviétique en Détail

    Croiseurs porte-aéronefs Soviétiques

    Classe Kiev
    Porte-aéronefs classe Kiev

    Techniquement, l'aéronavale Soviétique existait depuis les années 20, mais la Marine n'éprouva jamais le besoin de disposer d'un porte-avions, même après la seconde guerre mondiale alors qu'il semblait qu'il s'agissait du nouveau capital-ship. Cela tient surtout aux particularités de l'"Empire Soviétique", l'immensité de son territoire qui lui permet de disposer de bases de bombardiers à long rayon d'action couvrant l'essentiel du globe, tandis que les USA ont toujours besoin de forces de projection. On assiste à un lent changement de mentalités dans les années 80. Les quatre Kiev sont alors en service, mais leur seul parc aérien constitué d'avions ADAC de type Yak-42 "Forger" est loin d'égaler les prouesses du Harrier II de l'OTAN, et moins encore les appareils "classiques" de l'aéronavale Américaine, comme le F-18 Hornet. Qui plus est, le Kiev sont toujours désignés comme "croiseurs lance missiles", bâtiments hybrides, certes dotés d'un parc aérien bien plus conséquent que les Moskva de la fin des années 60. Les choses changent lorsqu'un design plus proche de ce que l'on reconnais comme un porte-avions émerge dans les années 80, comme remplacement des Moskva. Mais sur le papier il s'agit toujours d'un Tyazholyy Avianesushchiy Kreyser (TAVKR) – "croiseur porte-aéronefs lourd" – préu pour le support stratégique des SNLE, navires de surfaces et l'aviation navale de longue portée. Concept très différent du centre d'une Task-Force polyvalente tel qu'envisagé par les Stratèges Américains. Ainsi est née le 3 Mars 1981 la classe Kuznetsov, ordonnée à Nikolayev. La fin de l'URSS fait que le bâtiment, lancé en 1985, ne sera accepté en service officiel qu'en Décembre 1990, et plein service en 1995. Il sort donc un peu de ce chapitre.

    Croiseurs Soviétiques de la guerre froide

    Destroyer Soviétiques de la guerre froide

    Frégates Soviétiques

    Corvettes Soviétiques

    Sous-marins Soviétiques

    Bâtiments Soviétiques divers